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Le ministre de la Culture Mourad Sakli fait face avec courage et pdégogie à la grogne des syndicalistes exigeant des réponses rapides à leurs 43 revendications.

Par Marwan Chahla

Le ministre de la Culture Mourad Sakli s'est présenté, hier, devant la foule des agents de son ministère pour les apaiser. Les protestataires, qui avaient une longue liste de revendications à défendre et reprochaient au ministre d'avoir tardé d'y répondre, ont entamé une grève de trois jours et menacent, s'ils ne reçoivent pas de réponses positives, de boycotter les manifestations culturelles et autres festivals. M. Sakli leur a demandé de patienter car leurs nombreuses requêtes méritent du temps et de la réflexion.

Des revendications à la pelle

Hier, devant le siège du ministère de la Culture, la colère était à son comble parmi les membres du syndicat de la Culture de l'UGTT qui sont venus crier leur «Dégage! Dégage!» et dénoncer ce qu'ils considèrent comme étant l'indifférence de M. Sakli à leurs revendications et les décisions unilatérales qu'il a prises sur un certain nombre de dossiers cruciaux.

La veille, la tentative de déblocage de la situation a été un essai vain, puisque les deux parties, syndicat et ministère, ont campé sur leurs positions. Le dégel n'a pas eu lieu car, selon le syndicat, M. Sakli n'a pas répondu aux revendications des protestataires, notamment les demandes sociales se rapportant à l'indemnité du travail culturel et à la régularisation de la situation d'un nombre très important des agents du ministère, travailleurs des chantiers culturels et autres contractuels.

En outre, le syndicat déplore que le ministre ait précipité les choses et aggravé la crise en prenant la décision unilatérale de «brader» un certain nombre de sites archéologiques et d'opter pour leur «privatisation» sans avoir pris la peine de consulter les représentants des agents de son ministère.

Selon Meftah Oueness, le secrétaire général du syndicat de la Culture, «la crise des sites archéologiques n'a pas été résolue. Nous imaginons, assez facilement, que le ministre et le ministère ont déjà des exploitants sous la main pour sauter sur cette offre. Nous leur faisons porter l'entière responsabilité de leur décision. Nous aurions aimé être associés à cette question cruciale. M. Sakli a décidé de procéder autrement et nous dénonçons cette attitude».

Trois semaines pour répondre

Face à cette grogne qui a fait trembler tout le quartier de la Kasbah, Mourad Sakli a pris son courage des deux mains, a affronté la foule pour lui demander de patienter et tenté de la rassurer sur le sort des agents menacés, selon le syndicat, de perdre leurs emplois.

Le ministre a rappelé que «le syndicat a remis au ministère 43 revendications et exigé que des réponses leur soient données en une dizaine ou une douzaine de jours». «Etant une personne sérieuse, j'estime que le ministère aura besoin de trois semaines pour répondre, avec sérieux, sur tous les points qui nous ont été présentés et qui sont très complexes et très variés: il y a des demandes structurelles, d'autres portent sur des filières bien précises, sur des indemnités, etc.», a expliqué le ministre.

Quant à «la location» de certains sites archéologiques, M. Sakli s'est montré rassurant: «Tout se fera selon des critères bien étudiés et bien déterminés. Au sujet des monuments, des sites et des musées, aucune rénovation, ni aucune restauration ne sera décidée sans l'aval et la supervision de l'Institut national du patrimoine», a-t-il déclaré à la presse.

Cette main tendue du ministre de la Culture, l'écoute et le courage dont il a fait preuve, en se présentant devant la foule des grévistes, seront-ils suffisants pour dissiper les malentendus et mettre un terme à une partie de bras-de-fer qui oppose le syndicat et le ministère depuis de très longs mois?

Les maux dont souffre le secteur de la culture ne sauraient être réglées par un coup de baguette magique, et en claquant des doigts, surtout lorsque les revendications sont nombreuses et ont des répercussions financières.

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