Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari Banniere

Rien, jusque-là, ne peut infirmer ou confirmer la mort des deux journalistes tunisiens, Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, enlevés en Libye depuis 7 mois.

Par Yüsra N. M'hiri

 

«Le chargé d'affaires libyen à Tunis a dit avoir établi une série de contacts avec les parties libyennes concernées par le dossier des deux journalistes, sans qu'il n'y ait confirmation ou infirmation de leur mort», a indiqué le ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué rendu public dans la soirée du mercredi 29 avril 2015.

Le ministère réagissait à l'information relayée, quelques heures auparavant, par le site libyen ''Bawabat Al Wassat'', reprenant les déclarations de Sahar Bannoune, responsable au ministère de la Justice libyen, qui a confirmé l'exécution, il y a plusieurs mois, d'une équipe de journalistes de la chaîne libyenne Barqa TV, ainsi que celles des 2 journalistes tunisiens, enlevés en Libye depuis le 8 septembre 2014.

La même source a précisé que l'armée libyenne a arrêté, il y a quelques jours, 5 éléments, membres de l'organisation terroristes de l'Etat islamique (Daêch), qui ont avoué avoir exécuté Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari et qu'ils les auraient enterrés quelque part à Derna, à l'est de la Libye, une zone échappant au contrôle des autorités libyennes, aussi bien celles basées à Tripoli (ouest) que celles, reconnues par la communauté internationale, opérant à partir de Tobrouq (est). Cette information a, d'ailleurs, été confirmée, dans la soirée, par le porte-parole du ministère de la Justice libyen.

En réaction, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a rejeté cette information, non confirmée par des preuves tangibles. «Il y a 2 semaines, les autorités libyennes ont prétendu avoir vu Sofiane et Nadhir, en vie, aujourd'hui, elles annoncent leur mort. Nous demandons des preuves concrètes, mais en attendant, nous refusons d'accepter les condoléances des autorités libyennes», a déclaré Neji Bghouri, président du SNJT. «La manière avec laquelle l'information a été diffusée est déplorable. L'Etat Tunisien aurait dû en être informé officiellement et non pas en prendre connaissance à travers les médias libyens», a-t-il ajouté.

Sur les réseaux sociaux, les proches, amis et collègues des 2 journalistes dénoncent le manque de sérieux des autorités dans le traitement de cette affaire. Si, en Tunisie, on refuse de croire à l'exécution des deux journalistes, c'est parce que celle-ci avait déjà été annoncée, en novembre 2014, par un groupe jihadistes de Derna, avant d'être démentie par les autorités libyennes et tunisiennes.

Pour les familles et les collègues des journalistes, tant que les corps n'ont pas été retrouvés et que des preuves matérielles n'ont pas été présentées (photos, vidéos, témoignages circonstanciés...), il n'est pas question de faire le deuil ou d'accepter des condoléances de quelque partie que ce soit.

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