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L'annonce de la sortie de l'ouvrage sur ''Le Système de propagande sous Ben Ali'', édité par la présidence provisoire de la république, fait réagir les internautes, qui préfèrent plutôt en rire... La manipulation est trop grosse.

Par Yüsra N. Mhiri

La première erreur de communication à propos de ce livre est que sa sortie a été annoncée par la très nahdhaouie chaine télévisée Al-Moutawasset, qui plus est par son directeur, Salah Attia, le journaliste qui s'est illustré, dans un passé récent, par ses éloges appuyés de Leila Trabelsi, épouse du dictateur déchu Ben Ali, et de Sakhr El-Materi, le gendre préféré de ce couple diabolique.

Salah Attia : la voix de ses maîtres ou l'arroseur arrosé

Pour dénoncer les journalistes qui étaient au service de l'ex-dictateur, M. Marzouki et ses services n'auraient-ils pas pu trouver un meilleur client?

Les réactions à ce non-évènement, qui sent le règlement de compte avec certaines figures médiatiques dont la liberté de ton et l'indépendance empêchent le locataire du Palais de Carthage de dormir, n'ont pas tardé. Et d'abord sur les réseaux sociaux.

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Mauvais témoin dans un mauvais procès: Salah Attia, le journaliste qui a réussi la prouesse de passer du service de Leïla Trabelsi à celui de Rached Ghannouchi! C'est le champion du monde de l'imposture. 

La journaliste Naziha Rejiba, plus connue sous le pseudonyme d'Om Zied, que l'on ne peut soupçonner d'indulgence à l'égard de l'ancien système de Ben Ali, a ainsi posté, sur son profil Facebook, un très opportun rappel de l'article de Salah Attia où il énumère les mérites de Leila Trabelsi. Accompagné de ce commentaire: «Celui qui s'est distingué par ses louanges à Laylouta (la petite Leila)». «Un scoop annoncé par une telle figure du paysage médiatique ne peut que semer le doute sur sa crédibilité», a ajouté Mme Rejiba,

Nejiba Hamrouni, présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a raillé également, via sa page Facebook,  la personnalité du journaliste ayant eu la primauté du vrai faux scoop présidentiel. «Quand le porte-voix de Ben Ali annonce la sortie d'un livre contenant une liste noire (des journalistes ayant servi l'ancien régime, NDLR), on peut difficilement donner foi à une pareille liste, d'autant que cette personne (Salah Attia, NDLR) s'est très vite convertie en porte-voix d'Ennahdha», a dit Mme Hamrouni. Tout en exprimant sa méfiance vis-à-vis de ladite liste noire, la journaliste a ajouté: «Ils cherchent à éteindre les étincelles de la liberté et rendre le journalisme à son ancienne posture de servitude».

Le chanteur Bayrem Kilani, alias Bendir Man, a mis, quant à lui, en guise de statut, un extrait de l'article de Salah Attia faisant l'éloge de «Leila l'exemple de la femme» et proposé au directeur d'Al-Mutawasset de rajouter son propre texte au ''Livre noir''.

Un président errant dans son grand palais

Des internautes, moins connus, se sont interrogés sur le rôle de Moncef Marzouki, président provisoire de la république, dans cette manipulation d'Etat, en se demandant si ce dernier n'a pas autre chose de plus urgent à faire au Palais de Carthage.

«Il ferait mieux de traquer les terroristes et de consacrer son temps à oeuvrer pour démanteler les groupes islamistes menaçant le pays», a noté l'un. «Quand on confie l'annonce d'un tel livre à un partisan d'Ennahdha, ex-admirateur de l'épouse de Ben Ali, il faut s'attendre à un flop et non à une révélation», a ajouté un autre.

Le ''Livre noir'', noir de ressentiment et de frustration, arrive dans cette transition démocratique comme une énième fausse note.

Annoncé comme le scoop de l'année, il ressemblerait plutôt à un flop, tant il est difficile de ne pas voir, derrière sa publication et, surtout, les grossières manipulations qu'il contient, un vulgaire règlement de compte.

Sinon comment expliquer l'existence, sur une même liste, des noms de quelques véritables propagandistes de Ben Ali, dont la plupart ont quitté la scène sur la pointe des pieds, et de ceux de journalistes indépendants qui ont combattu l'ancienne dictature de Ben Ali et qui combattent aujourd'hui la nouvelle dictature que M. Marzouki et ses alliés islamistes essayant de mettre en place dans le pays?

Comment expliquer aussi l'absence, de cette même liste, des noms de certains anciens plumitifs à la solde de Ben Ali, qui se sont mis aujourd'hui au service de son successeur au Palais de Carthage et de ses «employeurs», les Nahdhaouis?

''L'Ivre noir'', a résumé un internaute. Et il a tout dit.

L'article de Salah Attia faisant l'éloge de Leila Trabelsi.