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Pour certains Tunisiens, le covoiturage, ça n’est pas seulement pour les autres! Dorra Zegaya, fondatrice du site Tunisie Covoiturage, s’est lancée dans l’aventure en novembre dernier.  Retour sur… une affaire qui roule!

Propos recueillis par Emmanuelle Houerbi

Kapitalis: D’où est venu ce projet?

Dorra Zegaya: J’ai découvert le covoiturage lors de mes études dans les années 90 au Canada, où cette pratique était déjà très répandue, notamment parmi les étudiants. Pour nous tous, c’était le moyen de faire des économies, mais aussi de faire des rencontres ou de lier de véritables amitiés. Des centrales de réservation, des parkings et points de RV dédiés existaient un peu partout, et covoiturer était extrêmement simple et naturel.

Après mon retour en Tunisie, l’idée est restée dans un coin de ma tête, sans que je pense à aucun moment me lancer moi-même dans un tel projet, d’autant plus qu’Internet y était alors quasiment inexistant.

C’est avec les débuts de la Clé 3G que l’envie de créer un site ou un blog m’a trotté dans la tête, et j’ai alors repensé au covoiturage. L’aspect communautaire, social et écologique du projet m’a convaincue de me lancer dans l’aventure, et j’ai commencé le développement de ce site en 2010. Fin novembre 2011, nous avons lancé le premier site test, et tout est allé très vite.

Que s’est-il passé?

Quelques jours après la première mise en ligne, et alors que le site n’était pas du tout prêt, Mosaïque FM est tombée dessus par hasard et en a parlé. Résultat: 4.000 visites en un jour, 200 inscriptions et presque autant de nuits blanches pour gérer la demande et pour tout corriger!

Plusieurs radios et sites en ligne en ont ensuite parlé, avec à chaque fois des pics de fréquentation impressionnants.

Aujourd’hui, le bouche-à-oreille fonctionne à plein, les médias en parlent régulièrement, plus de 500 trajets sont proposés sur le site, nous comptons plus de 1.000 membres, et une moyenne de 200 visites et de 10 inscriptions par jour. Ceci est peu et beaucoup à la fois, car le développement d’un site demande beaucoup de temps et beaucoup de moyens.

Site tunisien de covoiturage.

Site tunisien de covoiturage.

Comment expliquez-vous le succès rencontré par votre site?

Tout d’abord par le fait que le covoiturage répond à un réel besoin, notamment chez les étudiants et les jeunes actifs. L’avantage financier qu’il représente est évident, et la seule raison d’hésiter est la crainte, tout-à-fait naturelle, de faire des mauvaises rencontres. Or nous avons tout fait pour réduire cette appréhension, en éditant des règles de bonne conduite pour les utilisateurs et en faisant apparaitre le maximum d’informations sur le conducteur et les passagers, sur la voiture, les habitudes, et même les musiques écoutées en voiture! Les membres ne peuvent pas utiliser de pseudos et ont la possibilité de mettre leur photo, pour un maximum de transparence.

Le site calcule par ailleurs automatiquement un prix conseillé pour le trajet et insiste sur le fait que ce prix ne doit être qu’une simple participation aux frais du  conducteur.

Nous allons enfin ajouter un blog sur le site d’ici la fin de l’année et une newsletter qui sera envoyée une ou deux fois par mois à tous nos membres. Finalement, un site comme le nôtre doit prendre au sérieux le covoiturage, l’encadrer et l’organiser du mieux possible pour assurer un niveau de sécurité maximum. L’objectif étant à terme de faire naître une sorte de petite communauté, dans laquelle l’aspect convivial et l’esprit d’entraide dominent. C’est ce que nous avons essayé de faire.

Comment voyez-vous l’avenir?

Je suis confiante, les débuts sont prometteurs, même si la priorité pour nous, aujourd’hui, est la recherche de soutiens et de financements. Nous allons d’ailleurs présenter prochainement un dossier aux ministères de l’Environnement et des Transports car le covoiturage est une des solutions à de nombreux problèmes qui se posent à nos sociétés.

Quel dommage que les accès «covoiturage» sur les site internet de ces ministères n’aient jamais été activés, comme c’est d’ailleurs aussi le cas dans de nombreux sites étudiants ou portails d’universités! Tout le monde y gagnerait.

On se raccompagne...

On se raccompagne...

Imaginez qu’aux Etats-Unis, une voie est réservée sur certaines autoroutes pour les voitures occupées par 2 personnes et plus! Bien sûr, nous sommes loin de ce stade, mais après tout, des pays comme la France ont eux aussi quinze bonnes années de retard sur les Etats-Unis et le Canada, ce n’est pas une raison pour baisser les bras!

Il y a beaucoup d’opportunités de développement: le taxi partagé, le covoiturage écoles, le colis voiturage, le covoiturage inter-entreprises… nous sommes prêts à nous y atteler!

Le mot de la fin?

Dans votre article en mars 2010 concernant le covoiturage, vous aviez conclu par la phrase «Les Tunisiens gagneront sans doute à adopter bientôt le leur». J’invite donc vos lecteurs à visiter notre site et à se l’approprier. Car encourager le covoiturage dans notre pays est à la fois un acte social, écologique et citoyen.

 

 

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Tunisie. Le co-voiturage pour réduire les dépenses de transport.