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Les promoteurs immobiliers se penchent sur les problèmes de leur secteur et proposent des solutions pour améliorer ses performances, l'assainir et le relancer.

Par Wajdi Msaed

La 1ère édition de la Journée nationale de la promotion immobilière s'est tenue, mercredi13 mai 2015, à Gammarth, sous le haut patronage du chef du gouvernement, à l'initiative de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers (CSNPI), relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), en collaboration avec le ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire.

Promoteurs et non spéculateurs

La rencontre a rassemblé les professionnels du secteur, les représentants des différents intervenants, tels la Sonede, la Steg, l'Onas, Tunisie Telecom, l'ANME, la Conservation Foncière, ainsi que les établissements bancaires et d'assurances. L'objectif étant de mettre en lumière les nouveautés du secteur et l'évolution de son environnement réglementaire, juridique, fiscal et financier.

Les intervenants, au cours de la plénière, ont mis l'accent sur les problèmes du secteur, en se référant aux dernières statistiques du marché immobilier, et en insistant sur une nouvelle approche de partenariat public-privé pour une plus grande efficience et sur la stratégie de communication à adopter pour améliorer l'image de marque et asseoir la réputation de la profession. «Il faut être plus proche du client, qui accuse souvent le promoteur de spéculation», dit-on, en insistant sur la nécessité de dissiper ce malentendu.

Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l'Equipement et de l'Habitat, a passé en revue, dans son allocution d'ouverture, l'évolution de l'assise juridique de la promotion immobilière depuis 1974. «La loi de 1990 a permis d'élargir le champs d'action du promoteur immobilier pour qu'il englobe aussi le lotissement et l'aménagement des terrains à bâtir et d'ouvrir le capital des sociétés immobilières aux participations étrangères», a-t-il expliqué.

Conséquence: le nombre de promoteurs a évolué de 150 en 1990 à 2.500 en 2015, dont seuls 800 exercent effectivement sur le marché et leur part dans la construction des logements ne dépasse guère 10%, la part du lion (80%) revenant toujours à l'auto-construction.

Le casse-tête du logement social

Le ministre a estimé, par ailleurs, que les promoteurs publics n'ont pas évolué convenablement, puisqu'ils tardent à se mettre à niveau. «Nous sommes appelés à trouver les solutions appropriées pour relancer ce secteur. Une journée d'études y sera consacrée, les 11 et 12 juin prochain, qui regroupera les présidents des conseils municipaux, les promoteurs immobiliers et les architectes, pour approfondir la réflexion sur les diverses problématiques posées, envisager la refonte du code de l'aménagement du territoire et réduire des 2/3 les délais de livraison des différentes autorisations», a expliqué le ministre.

Autre souci exprimé par M. Arfaoui: la baisse sensible de la production des logements sociaux, qui l'a poussé à lancer un appel pressant aux promoteurs privés à participer davantage à la promotion de ce vecteur, notamment en construisant des logements à moindre coût.

La Société de promotion des logements sociaux (Sprols) semble incapable de répondre à une demande croissante, au moment où il s'agit de démocratiser davantage l'accès au logement, a déploré Tarak Chaabouni, promoteur privé (Le Logement), qui a appelé à une nouvelle vision du logement économique et social. Il faut sortir le budget du Fonds de promotion du logement pour les salariés (Foprolos) du budget de l'Etat, a-t-il préconisé. Et pour cause: il ne s'agit d'un fonds de promotion des logements sociaux mais plutôt d'un fonds de promotion des logements pour salariés et plus particulièrement ceux du service public, qui sont garantis par les banques où leurs salaires sont domiciliés. Les salariés du secteur privé, qui peuvent changer d'employeur à tout moment, demeurent privés des services de ce fonds, à l'instar des artisans et des auto-employeurs, a-t-il aussi fait remarquer.

Hassen Zargouni, directeur général du cabinet d'études Sigma Conseil a, de son côté, rappelé les dernières statistiques du secteur qui emploie 450.000 personnes et dont la production ne dépasse pas 10.000 logements par an, «ce qui est en-deçà des besoins et des ambitions, a-t-il souligné, pour diverses raisons, dont le recours encore important à l'auto-construction, les coûts assez élevés des logements et les plans d'aménagement qui prennent des retards». M. Zargouni a rappelé, lui aussi, la nécessité de réviser le rôle de l'Agence foncière de l'Habitat (AFH), de la Société nationale immobilière de Tunisie (Snit) et de la Sprols, les principaux acteurs publics du secteur.

Les quatre workshops animés par d'éminents experts et spécialistes ont permis aux professionnels d'aboutir à une série de recommandations relatives à la révision des modes de financement, des cadres réglementaire et fiscal, des plans d'aménagement, etc. On a aussi plaidé pour une nouvelle politique de communication orientée vers les nouvelles technologies de l'information pour une plus grande proximité avec les citoyens.

Par ailleurs, les promoteurs immobiliers ont pris la louable initiative de créer une commission permanente chargée d'octroyer, chaque année, un certain nombre de logements aux familles des martyrs des corps de l'armée et de la sûreté nationales. La commission, qui a enregistré, pendant le colloque, 50 promesses de dons de logements de la part de promoteurs participants, devra collaborer avec les gouverneurs pour établir les listes des bénéficiaires.

La CSNPI, qui compte faire de cette journée, un rendez-vous annuel pour établir le bilan du secteur et élaborer des stratégies pour son développement, a commencé par instaurer une bonne tradition en décernant des distinctions à 4 vétérans du secteur: Arbi Mallekh, Hédi Megdiche, Aroussi Ben Brahim et Mohamed Lazhar Rouissi.

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