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La 1ère Smart Transportation Conference, tenue mercredi 21 janvier 2015, à Tunis, voudrait contribuer à rendre le transport plus intelligent en Tunisie.

Par Zohra Abid

La conférence, organisée par le ministère du Transport, en collaboration avec l'Ecole supérieure privée d'ingénierie et de technologie (Esprit), s'est tenue, tout naturellement, au Parc technologique El-Ghazala à l'Ariana.

L'objectif : amener les acteurs économiques et le monde académique à réfléchir ensemble sur de nouvelles solutions technologiques pour améliorer le secteur du transport. Il s'agit, en d'autres termes, d'aboutir à des recommandations pour développer de nouveaux modèles de transport intelligent, améliorer les services de transport, tous secteurs confondus, et relever les défis de la mobilité.

 Tahar Belakhdhar

Tahar Belakhdhar.

Sauver l'enseignement

Mettant la conférence dans son cadre, Tahar Belakhdar, président d'Esprit, a déploré la dégradation du niveau universitaire en Tunisie à cause de la dictature politique qui n'a pas aidé à l'épanouissement de la plupart des secteurs vitaux de l'économie, dont certains stagnent, aujourd'hui, dangereusement. C'est le cas, notamment, du transport.

«J'ai passé 55 ans à l'université. Cela ne me rajeunit pas, mais, comme beaucoup de mon âge, j'ai eu la chance de bénéficier d'un bon système éducatif et de moyens énormes investis à l'époque par l'Etat dans le domaine de l'éducation. Aujourd'hui, nous avons du mal à léguer quelque chose de bien à nos enfants. L'état actuel de nos universités laisse à désirer à cause notamment des turbulences qu'a connues la Tunisie. Il y a aussi une fracture sociale qui ne cesse de se creuser. Nous devons être conscients de cet état et prendre enfin les choses en main», a lancé le président d'Esprit. Et d'enchaîner, sur une note moins pessimiste, en appelant à regarder vers l'avenir et, surtout, à le regarder autrement.

Chiheb Ben Ahmed Smart Transportation Conference

Chiheb Ben Ahmed.

Les défis de la mobilité

«Cette initiative du Smart est aujourd'hui le fer de lance de notre université. Il s'agit de relever le défi de la mobilité, qui est la marque du futur», a encore expliqué Tahar Belakhdar. L'autre défi : réduire la fracture sociale. Et pour cause, ajoute-t-il, «ceux qui ont de quoi se payer des études dans le secteur privé réussissent. Les autres n'ont pas cette chance.» Pour aider à remédier à cette situation, le président d'Esprit a évoqué la création d'une fondation qui financera bientôt les études des compétences comme une forme d'investissement dans l'avenir.

«C'est par le biais de l'investissement que nous pourrons faire avancer la recherche, qui doit être la colonne vertébrale de l'économie tunisienne, en vue de faire avancer la technologie et les services. Pour ce, Esprit a créé, en collaboration avec le ministère de Transport, un département dont la mission consiste à booster la recherche dans ce secteur vital», a encore expliqué M. Belakhdhar.

Le président d'Esprit, qui compte 4000 étudiants et 250 enseignants, estime qu'il y a beaucoup à faire avec les compétences dont dispose la Tunisie pour doter le secteur du transport de systèmes intelligents. «Les enseignants sont venus nous proposer eux-mêmes leurs services pour atteindre cet objectif», a-t-il assuré.

Se projeter dans des réseaux mobiles

Avant de parler du partenariat de son département avec Esprit, le ministre de Transport, Chiheb Ben Ahmed, a tenu à remercier l'ancien militant de gauche, M. Belakhdahr, qui était, par ailleurs, l'un de ses professeurs à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Nabeul.

«Cela remonte à une trentaine d'années. Nous étions 13 étudiants recherchés. Nous avons été convoqués pour audition. Nous avons été prévenus par ''Si'' Tahar, et nous avons pu quitter l'université avant que la police ne débarque en début d'après-midi. C'est ainsi que j'ai pu prendre la fuite, sinon mon sort aurait été autre», se souvient le ministre, dont un frère est enseignant à Esprit.

Et Chiheb Ben Ahmed d'aller dans le vif des sujets qui allaient être débattus, lors des tables-rondes sur la mobilité du futur, animées par des experts dans les 3 types de trafic : terrestre, aérien et maritime.

Smart Transportation Conference

Jeter des passerelles entre les mondes professionnel et académique.

Meilleure exploitation de l'infrastructure

«L'information est aujourd'hui au cœur des services du transport pour connaître et partager les besoins des usagers en temps réel. C'est un outil de création de valeurs et de croissance économique qui peut générer des emplois», a indiqué le ministre.

Une information intelligente est, en effet, un outil efficace de gestion qui aide à réduire le coût d'exploitation des infrastructures et des équipements et à mieux gérer les besoins économiques et les problèmes environnementaux.

Après la cérémonie d'ouverture et la signature de l'accord de partenariat entre le ministère du Transport et Esprit, les professionnels du secteur du transport, développeurs de solutions technologiques, intégrateurs de systèmes, spécialistes du développement mobile, fournisseurs des services de paiement électronique... ont participé à plusieurs tables-rondes animées par des experts pour essayer de jeter des passerelles entre les milieux professionnels et académiques, entre l'économie et la recherche, et réfléchir ensemble aux moyens de faire entrer la Tunisie (avec un peu de retard certes, mais mieux vaut tard que jamais) dans l'ère du transport intelligent.

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