Masood AhmedLa vision économique du gouvernement tunisien, présentée à la conférence "Investir en Tunisie", le 8 septembre 2014, à Tunis, constitue «une bonne feuille de route».

C’est ce qu’a indiqué Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), dans une interview à l’agence Tap. Cette vision, soutenue par un large éventail de partis politiques et de bailleurs de fonds, correspond au programme de réformes appuyé par le FMI, a précisé M. Ahmed, ajoutant que son institution est «prête à apporter son aide à la Tunisie en lui fournissant conseils et assistances technique et financière».

Mise en œuvre des réformes économiques annoncées

«Il est essentiel que le nouveau parlement et le gouvernement qui en serait issu poursuivent la mise en œuvre de la politique économique et des réformes annoncées, afin que la population tunisienne puisse ressentir une amélioration de la vie quotidienne», a-t-il affirmé.

Interrogé sur la disposition du FMI à soutenir le gouvernement tunisien pour faire face aux difficultés financières qui persisteront en 2015 et, probablement, au cours des 3 ou 4 années suivantes, le responsable a répondu par l'affirmative.

«Le FMI appuie le programme économique du gouvernement tunisien», a-t-il précisé, estimant que la mise en œuvre de solides politiques macroéconomiques et de réformes structurelles, conjuguées à l'aide financière du FMI, permettra de réduire la vulnérabilité liée à la conjoncture extérieure incertaine et à la transition politique, de manière à contribuer à rétablir la confiance des investisseurs.

La Tunisie, a encore souligné M. Ahmed, n'a pas proposé un nouveau programme, ni une extension du programme actuel, mais le FMI «est prêt à continuer à apporter son aide en fournissant des conseils et de l'assistance technique et financière».

Il y a lieu de rappeler que le conseil d'administration du FMI avait approuvé, le 7 juin 2013, un accord de confirmation de 2 ans, d'un montant de 1,74 milliard de dollars (2,8 MD), soit 400% de la quote-part de la Tunisie au FMI, afin d'aider notre pays dans la mise en route de ses réformes économiques.

Mesures prioritaires pour relancer l'économie

Afin de relancer l'économie et rétablir les équilibres macroéconomique, Masood Ahmed recommande au prochain gouvernement d'aller au-delà de la stabilité macroéconomique, qui est une condition préalable pour encourager les investisseurs et aider la Tunisie à renouer avec une croissance plus élevée et une création d'emplois qui profite à l'ensemble de la population.

«Une bonne gouvernance, un Etat transparent, un climat d'investissement favorable, un système bancaire sain et des filets de protection pour les populations vulnérables sont des conditions nécessaires pour que la croissance et la prospérité soient partagées par le plus grand nombre», ajoute le responsable au FMI. Et d'expliquer que certaines mesures doivent encore être engagées. Il en a identifiées 3 qu'il considère «critiques», à savoir «l’amélioration de la composition du budget, en créant un espace pour les dépenses prioritaires dans les infrastructures, la santé et l'éducation».

Concrètement, cette mesure implique une réforme des subventions énergétiques (et la mise en place d'un filet de protection sociale bien ciblé pour protéger les groupes les plus vulnérables), la maîtrise de la masse salariale, ainsi que la réforme de la politique et de l'administration fiscales. Toutes ces réformes renforceront la bonne gouvernance et conduiront à une meilleure équité et à une meilleure transparence, estime Ahmed.

Mener à terme l’assainissement du secteur bancaire

L'adoption de la stratégie bancaire et les plans de restructuration de deux banques publiques (Société tunisienne de banque et Banque de l'habitat) est une étape importante, mais insuffisante, estime le responsable.

En effet, pour réduire la fragilité du secteur bancaire, il sera nécessaire aussi, selon lui, de mettre en œuvre ces plans conformément aux bonnes pratiques internationales, d'achever les audits restants (notamment celui de la Banque nationale agricole), de mettre en place la Société de gestion d'actifs, qui sera chargée de gérer les prêts improductifs dans le secteur du tourisme, et de moderniser le cadre de réglementation et de contrôle du secteur bancaire.

L'adoption du nouveau dispositif de partenariat public/privé (PPP), la loi sur la concurrence, le code des investissements et la loi sur les faillites permettront d’«accélérer les réformes structurelles qui favoriseront le développement du secteur privé et amélioreront le climat des affaires», a-t-il encore indiqué.

I. B. (avec Tap).

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