nafaa ennaifer 10 7«Dès l’entrée en vigueur des mesures fiscales, prévues dans le cadre du projet de la loi de finances 2014, 10% des revenus de la classe moyenne pourraient se volatiliser».

Cet avertissement a été lancé, dans une déclaration à TAP, par Nafaa Ennaifer, président de la commission économique de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica).

Les nouveaux taux d'imposition prévus dans le cadre du nouveau projet de loi de finances 2014, qui ont été élaborés de manière précipitée, sont «aberrants» et de nature à nuire au pouvoir d'achat de la classe moyenne, voire accélérer sa paupérisation, a encore averti M. Ennaifer.

Eviter d’affecter le pouvoir d’achat

Le cumul des taxes prévues par la nouvelle loi aura, par ailleurs, une incidence sur la capacité d'épargne de cette classe sociale et favorisera l'exode des cerveaux, indique encore le responsable de la centrale patronale.

Les nouvelles mesures incriminées concernent, notamment, la soumission des personnes disposant d'un revenu annuel supérieur à 40.000 dinars à une imposition de 35%, alors qu'elles étaient imposées à «seulement» 30%.

La redevance de compensation imposée aux personnes physiques, dont le revenu annuel net dépasse 20.000 dinars, passera, quant à elle, de 1% à 3%, selon le revenu annuel. Les dispositions de la nouvelle loi prévoient, également, une augmentation de la taxe de la circulation (vignette) de 25% et la création d'une nouvelle taxe sur les voitures particulières de plus de 4 chevaux, variant entre 100 et 700 dinars en fonction de la puissance fiscale du véhicule.

«Au lieu de recourir à ces mesures, il convient, tout d'abord, de rationaliser les dépenses des entreprises publiques, d'optimiser leurs charges d'exploitation et de s'attaquer à l'économie informelle», a préconisé M. Ennaifer.

«Il n'est pas question de renoncer complètement à ces mesures, mais plutôt de bien les étudier de manière à ce qu'elles n'affectent pas le pouvoir d'achat du citoyen», a-t-il expliqué.

Le responsable de l’Utica a suggéré, également, de réformer le système de compensation, surtout alimentaire, de manière à permettre l'amélioration du système de production et la productivité des différentes filières agricoles, rappelant, dans ce contexte, que la population aisée (classe moyenne et supérieure) perçoit 87 dinars par personne et par an de subvention alimentaire, d'après les dernières statistiques de l'Institut national de la statistique (INS).

Le secteur immobilier pourrait être affecté

Les dispositions de la nouvelle loi de finances auront également, selon M. Ennaifer, un impact négatif sur certains secteurs, tel que l'immobilier dont le rendement pourrait baisser, selon ses estimations. Il a évoqué, à ce propos, la mesure relative à la soumission de la propriété foncière à une taxe annuelle de 1,5%, à l'exception de la résidence principale.

Estimant que le secteur bancaire pourrait pâtir, lui aussi, des mesures de la loi de finances 2014, M. Ennaifer a appelé le gouvernement à tirer les enseignements des expériences passées, à faire preuve de clairvoyance et à consulter les différents acteurs économiques avant de décider des mesures qui pourraient nuire à leurs intérêts.

La classe moyenne représente 70% de la population tunisienne et est, de l'avis de plusieurs experts, menacée de disparition en raison, entre autres, de la hausse de l'inflation (environ 6% actuellement) et de l'endettement des ménages.

I. B. (avec Tap).