Hasanefendic Banniere

Le limogeage de Hasanefendic et de tout le staff technique de la sélection tunisienne de handball est le fruit d'une cabale menée par... un groupe de journalistes.

Par Marouen El Mehdi

Avant même de se réunir pour analyser et évaluer la participation tunisienne au Mondial 2015 à Doha, le bureau de la FTHB a déjà pris la décision de se séparer du coach Hasanefendic et de tout le staff technique qui l'a accompagné.

Il est vrai que le Sept tunisien n'a pas laissé de bonnes impressions au Qatar et qu'il n'a pas épaté son public, présent en grand nombre le long du tournoi. Il est également vrai que l'équipe aurait pu mieux faire et aurait pu se classer dans les 3 premiers de son groupe.

Toutefois, le bilan n'est pas aussi catastrophique que ne le veulent montrer ceux qui ont des comptes à régler avec le sélectionneur et les membres fédéraux qui le soutiennent.

A titre d'exemple, l'Egypte qui a disputé un bon tournoi et dont le rendement revient sur toutes les langues qui critiquent les Tunisiens, a également terminé quatrième de son groupe et a perdu par 7 points d'écart contre l'Allemagne alors que les Aigles, qui affrontaient l'Espagne, le champion du monde en titre, ont été battus par 8 buts de différence, soit un seul but de plus que les Pharaons.

Hasanefendic en parfait bouc émissaire

Du coup, parler d'une catastrophe pour les Tunisiens et d'une prestation exceptionnelle des Egyptiens devient tout simplement insensé. Malheureusement, ceux qui devaient calmer le jeu et protéger l'équipe, son staff et ses joueurs, ont failli à leurs missions en se pliant aux exigences d'une grande frange de journalistes qui ont accompagné la délégation à Doha et qui ont tout fait pour porter atteinte à Sead Hasanefendic et en faire le parfait bouc émissaire de ce Mondial raté.

Tout a commencé pendant les deux semaines de préparation qui ont précédé le Mondial. Le sélectionneur tunisien a programmé deux matches amicaux contre la Russie à Tunis et à Hammamet. Il a souhaité faire une revue d'effectif pour avoir la meilleure idée possible sur les dispositions de tous les joueurs en stage avant d'établir sa liste des dix-huit joueurs retenus pour le Mondial 2015.

Malheureusement pour lui, Kamel Alouini, l'excellent demi-centre de l'Espérance de Tunis, qui revenait de blessure, n'a pas pu participer à ces deux tests et il était évident qu'il avait encore besoin de quelques jours pour retrouver la forme. Hasanefendic, qui espérait compter sur ce joueur aux qualités indéniables, l'a retenu dans sa liste et le joueur était à sa disposition même si son degré de forme n'était pas idéal. Une fois à Qatar, le sélectionneur avait à livrer une liste limitée à 16 joueurs pour débuter la compétition alors que les deux éléments écartés ne pourraient être sollicités qu'en cas de force majeure (blessure d'un autre joueur l'empêchant de terminer le Mondial) ou bien pour remplacer un coéquipier lors du second tour et pas avant.

Kamel Alouini

Si Kamel Alouini avait joué, il n'est pas sûr que le sort de l'équipe de Tunisie allait être différent. Mais Hasanefendic aurait peut-être été moins critiqué.  

Une histoire de famille !

Kamel Alouini était parmi les deux joueurs écartés et cette décision n'a pas plu à certains parmi les membres fédéraux et surtout les journalistes puisqu'il s'agissait du frère de l'un de leurs collègues!

Du coup, une véritable campagne a été menée dès les premiers matches de la sélection pour mettre en cause les compétences de l'entraîneur qui, rappelons-le, a été l'un des artisans de l'épopée tunisienne au Mondial 2005 à Tunis avec une 4e place mondiale qui restera dans les annales.

Ce fut, alors, un déluge de propos malsains à l'encontre d'un technicien que les meilleurs spécialistes à l'étranger estiment beaucoup. Hasanefendic est vite devenu un coach incompétent et indigne de conduire le Sept national, c'est dire que l'ingratitude a été le mot d'ordre de ces protestataires dans le but de ternir l'image d'un homme qui a longtemps et bravement servi le handball tunisien. Tout ça pour plaire à un collègue et à son frère-joueur, et cette campagne s'est étendue aux micros et aux studios de beIN Sport avec des analyses et des commentaires qui ne faisaient que diaboliser le pauvre coach qui, visiblement irrité par cette campagne orchestrée par les médias tunisiens, a parfois réagi de manière sèche ou inconvenante, mais il fallait bien le comprendre.

A présent, le staff est remercié en entier et la sélection va repartir de zéro. Son salut n'est pas lié à Hasanefendic ou tout autre entraîneur, mais ce qui s'est passé ne doit nullement faire honneur ni aux journalistes concernés ni au Bureau Fédéral qui aurait pu prendre les mêmes décisions, mais pas à la hâte pour satisfaire les médias.

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