mellouli
On le donnait presque fini, et le voilà, plus pimpant que jamais, ajoutant une 4e médaille, aux 1500m nage libre, et en or s’il vous plait.


Le tableau de chasse d’Oussama aux Championnats du monde de natation en petit bassin, à Dubaï, compte donc 4 médailles: 1 en or, 2 en bronze (sur 200 et 400m) et 1 en argent (sur 400m 4 nages).
Il se passera longtemps avant qu’un champion tunisien et/ou arabe égalisera cette performance, qu’on devrait apprécier à sa juste valeur. 

La bourde de la fédération
Cela s’est passé dimanche soir. Pourtant tout avait mal commencé pour Oussama. Notre champion olympique aurait dû être engagé sur la série rapide de l’après-midi, mais suite à un couac de la Fédération tunisienne de natation (Ftn) sur les temps d’engagements, il a dû nager en séries lentes le matin. Cela ne l’a pas empêché de réaliser un bon temps (en 14'26''14).
«Le champion, très remonté contre sa fédération, n’a pas voulu commenter l’incident mais a affiché un grand sourire alors qu’il signe son retour après une année 2010 difficile où il s’est senti lâché par sa fédération et ‘‘massacré par les médias’’», note l’agence Afp.
«Si j’avais pu nager cet après-midi, j’aurais fait une course totalement différente, ce n’était pas du tout une course tactique, ce fut difficile à gérer», a commenté Mellouli, encouragé durant sa course par une colonie tunisienne d’une cinquantaine de personnes, qui ont enfin animé le bassin de Dubaï. «Je suis comblé de joie de voir qu’il y a des gens qui s’intéressent à la natation. C’est ma meilleure perf, je suis content», dira le champion, un brin philosophe.



Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Oussama engage ses dernières forces dans la finale. Il est tout simplement sublime, éclaboussant de son talent partenaires et adversaires. Sacré de nouveau champion du monde du 1500 m nage libre, cette fois en petit bassin, il réalise un temps de 14’’24’16 et signe la meilleure performance mondiale de l’année, devançant le Danois Mads Glaesner (14'29''52) et le Hongrois Gergely Gyurta (14'31''47), les deux autres grosses pointures de la distance.

Après les doutes de l’été, le sacre de l’hiver
A la suite de ce nouveau sacre, le Président Zine El Abidine Ben Ali a chargé le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Education physique, de transmettre ses félicitations au nageur tunisien ainsi que ses encouragements pour qu’il persévère sur la voie de la performance et du succès.
Oussama Mellouli a été sacré champion olympique à Pékin en 2008 et champion du monde à Rome en 2009 du 1500 m. nage libre. Il a en outre remporté trois médailles d’or à la Coupe du monde Fina en 2008 aux épreuves du 400 m. 4 nages, 200 m. nage libre et 1500 m. nage libre.
Ce champion au grand cœur, qui n’a pas été épargné par les coups du destin, a passé une année 2010 exécrable. Son absence aux 10èmes Championnats d’Afrique de Natation au Maroc, en septembre dernier, couac inacceptable mais dont la responsabilité devrait aujourd’hui être définie avec précision, a déclenché une tempête de critiques dans les médias tunisiens. C’est à peine si ce champion, hier encore adulé par tout un peuple, n’a pas été voué aux gémonies. Ses détracteurs d’hier, au sein de la Fédération et des médias, doivent aujourd’hui faire amende honorable. On aurait du protéger le champion olympique, le seul que le pays a pu avoir depuis l’épopée du coureur de fond Mohamed Gammoudi, il y a quarante ans, et non le perturber et le clouer au pilori. Heureusement qu’il est fort mentalement, aguerri par la succession des  épreuves, plus dures les unes que les autres. Sans lui, qu’aurait remporté la Tunisie lors de ces Championnats du monde de natation en petit bassin? On n’ose même pas y penser…
Mellouli est donc en droit de savourer sa revanche sur l’adversité: «Les gens ne voient pas les coulisses. Ce fut une année très difficile pour moi. Avec un manque de soutien, d’entourage, de tout. Après tout ce que j’ai fait pour la Tunisie, on s’attend à ce que les gens soient derrière nous, j’ai été massacré sur le plan médiatique mais je suis toujours là», soupire-t-il, en espérant que les mauvais moments sont déjà derrière lui. Nous l’espérons aussi pour lui. Et pour tous les Tunisiens.

I. B.

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