Brahim-Ben-Cheikh

Des Tunisiens convertis au christianisme demandent le statut de réfugiés au Canada au prétexte qu'ils sont persécutés dans leur pays. Ça ne marche pas à tous les coups.

Par Marwan Chahla

La famille Ben Cheikh, installée au Canada depuis 2011, qui risque de ne pas obtenir un renouvellement de son titre de séjour et d'être renvoyée en Tunisie, en est un exemple. Les autorités canadiennes ne reconnaissent à ces expatriés le statut de réfugiés.

Dans un peu plus d'une semaine, Brahim Ben Cheikh et sa famille vont peut-être se trouver dans l'obligation de plier bagages et de rentrer au pays.

Déboutés par la justice

Résidant à Dieppe, ville du comté de Westmorland au sud-est du Nouveau-Brunswick, depuis 3 ans, les Ben Cheikh sont sommés par les autorités canadiennes de quitter «volontairement» le pays, après avoir été déboutés dans leur appel relatif à un refus d'octroi de statut de réfugiés.

La famille Ben Cheikh a plaidé, devant la justice canadienne, qu'en Tunisie elle a souffert, pendant de très longues années, de discrimination et de persécution pour avoir décidé de se convertir au christianisme.

Il en fallait beaucoup plus pour convaincre la Commission canadienne de l'immigration et du statut de réfugié (CISR). Pour cette instance, il n'existe aucune raison probante pour considérer cette famille «comme personnes ayant besoin de protection».

Les Ben Cheikh ne s'en laissent pas conter: ils ont pour argument le fait que, dans le comté même de Westmorland, nombre de ressortissants étrangers, y compris des Tunisiens, se trouvant dans une situation similaire à la leur ont eu gain de cause et obtenu le statut de réfugiés.

Persécutés parce qu'ils sont chrétiens

Jack Haller, avocat canadien de Moncton (au sud-est du Nouveau-Brunswick) spécialiste des droits des réfugiés, appuie les dires des Ben Cheikh, donnant des exemples et des noms de Tunisiens chrétiens qui ont bénéficié de cette protection canadienne. Jack Haller cite même le nom de la personne responsable de cette contradiction de la justice canadienne: il s'agit de la juge Anna Brychcy de Halifax, dans la province de Nouvelle-Ecosse.

«C'est une honte que l'on expulse ainsi les gens!», s'exclame Jack Haller, qui ajoute: «J'ai eu l'occasion de rencontrer la famille Ben Cheikh. Moncton et le Nouveau-Brunswick ont besoin d'immigrés. Et nous devrions croire ces gens-là lorsqu'ils nous disent que, dans leur pays, ils risquent d'être persécutés parce qu'ils sont chrétiens».

Les membres de la CISR admettent qu'ils ont bien accordé le statut de réfugiés à des Tunisiens chrétiens, mais ils s'empressent de rappeler que leurs décisions sont prises au cas-par-cas.

Il faut donc comprendre que le dossier des Ben Cheikh n'a pas convaincu Anna Brychcy et ses collègues.

(D'après ''CBC''). 

Illustration: Brahim Ben Cheikh et sa famille.

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