Ahlem-et-Ons-Dalhoumi-Banniere

Témoignage de Sondos Dalhoumi, la conductrice de la voiture où Ahlem (18 ans), sa soeur, et Ons (24 ans), sa cousine, ont été tuées par des policiers, à Kasserine.

Sondos Dalhoumi, qui a donné son témoignage à l'Observatoire tunisien des droits et libertés (OTDL), apporte une version des faits assez troublante et, en tout cas, très différente de celle présentée dans le communiqué diffusé ce matin par le ministère de l'Intérieur.

Aujourd'hui, samedi 23 août 2014, à l'aube, près de Kasserine, «nous étions sur le chemin du retour lorsque nous avons été surpris par des individus qui ont surgi derrière des buissons et nous ont coupé la route, nous faisant signe de nous arrêter», raconte Sondos.

La jeune femme poursuit: «Comme il n'y avait pas de barrage policier, ni de voiture de police, ni aucun signe indiquant qu'il s'agissait d'agents de sécurité, nous avions pris peur. Et si c'étaient des terroristes ou des braqueurs? Nous avons donc continué la route. On nous a tiré dessus et nous nous sommes immédiatement arrêtés. Ma soeur Ahlem, qui était à mes côtés, a reçu une balle dans la tête et un morceau de son crâne est tombé près de moi. J'ai entendu aussi Ons qui, derrière moi, crait: ''Sondos, j'ai été touchée''. Une voiture s'est aussitôt approchée de nous. Des agents de police sont descendus. Je savais que ma soeur était décédée. Je les ai suppléés de nous transporter d'urgence à l'hôpital, mais ils ont eu peur, et se sont détournés, nous laissant à notre sort, et s'en sont allés. Mon cousin Achraf a alors pris lr volant pour nous conduire jusqu'à l'hôpital de Kasserine, mais avant d'y arriver, des policiers nous ont arrêtés, en pointant leurs armes vers nous. Nous les avons suppléés, en pleurant, de nous laisser poursuivre notre chemin jusqu'à l'hôpital.»

Selon le témoignage de Sondos, «les balles étaient dirigées directement vers les personnes et non vers la voiture pour tenter de l'arrêter».

Par ailleurs, et contrairement au récit des faits communiqué par le ministère de l'Intérieur, «on ne nous a pas demandé de nous arrêter».

«Quant à moi, j'ai eu mon permis de conduire depuis une dizaine d'années», a aussi précisé Sondos, en réponse à la police qui a prétendu que le conducteur de la voiture n'avait pas de permis.

Elle a ajouté qu'aucune partie officielle ne l'a interrogée elle et les autres témoins sur les circonstances de l'incident plusieurs heures après les faits.

I.  B.

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