Amani-de-SfaxAmani a succombé à ses brûlures de 3e degré sur tout le corps, le jour de l’Aïd El-Fitr, quelques jours après s’être immolée par le feu, suite à un conflit avec la police.

Le drame remonte au 21 juillet courant. Il est rapporté par l’association Reform, qui se donne pour mission d’améliorer le dialogue entre la société civile et le corps sécuritaire, se basant sur les témoignages des proches de la victime.

Ce jour-là, Amani se rend à Médenine où elle compte acheter des vêtements pour les revendre dans sa boutique de prêt-à-porter à Sfax.

De retour, le soir même, elle se fait arrêter par des policiers qui demandent à contrôler la voiture. Très vite, la fouille se transforme en chamailleries et l’agent de police agresse la jeune femme, lui reprochant d’être dans la rue à une heure tardive de la nuit. Conduite au poste, elle sera battue et conduite aux urgences.

Manif-Amani-Sfax

 

Manif mercredi devant le gouvernorat de Sfax pour exiger la vérité sur le drame d'Amani.

La mésaventure d’Amani ne s’arrête pas là. Elle est mise en garde-à-vue pendant 3 jours, accusée d’outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. En quittant le centre d’arrêt, le calvaire se poursuit : elle ne trouve ni son argent, ni les affaires qu’elle avait achetées.

Selon ses proches, 3 jours après sa libération, la jeune fille décide de retourner au poste de police pour exiger la restitution de ses affaires et de son argent, mais l’agent reste sourd à ses demandes. En désespoir de cause, elle menace de mettre le feu à son corps… L’agent lui rit au nez et se moque d’elle… C’est alors qu’elle joint le geste à la parole et s’immole par le feu. Conduite aux urgences, Amani restera en soins intensifs.

Le lendemain, lundi 28 juillet, jour de la fête de l’Aïd, elle rendra l’âme.

Aujourd’hui, les proches de la victime se sont rassemblés devant le gouvernorat de Sfax, demandant l’ouverture d’une enquête sérieuse pour que justice soit faite.

La mort d’«Amani Bouazizi», comme l’appellent certains, en référence à Mohamed Tarek Bouazizi, qui s’est immolé par le feu, le 17 décembre 2010, déclenchant les émeutes ayant conduit à la révolution tunisienne, allumera-t-elle, par sa mort, la flamme d’une «révolution contre l’Etat policier»?

Y. N. M. 

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