offre emploi 11 21Le pèlerinage à la synagogue de la Ghriba, sur l'île de Djerba (sud-est), a démarré, vendredi avec la participation d’un millier de juifs tunisiens, venus essentiellement d’Europe.

Pour ce pèlerinage, les juifs tunisiens et étrangers accomplissent des rites plus proches des traditions que de la prière et de la contemplation religieuse.

Les pèlerins achètent des cierges, de l’encens et un oeuf dur sur lequel ils écrivent leur nom et notent leurs voeux, pour le mettre, par la suite, dans une cavité située dans la pièce intérieure de la synagogue.

Selon un commerçant du temple juif, Moorabi Yourhame Azria, originaire de Djerba, les visiteurs achètent ces produits, avec la conviction que leurs voeux seront exaucés, ajoutant que le prix d'un oeuf dur est d'un dinar tunisien, au bonheur des femmes voulant avoir des enfants, des personnes espérant guérir d'une maladie ou des jeunes filles rêvant de l’âme soeur.

Ghriba-Djerba

 Les pèlerins allument des cierges et font des voeux.

Attachement aux symboles de l’identité juive

Les rites ne se limitent pas aux deux jours du pèlerinage, surtout que des religieux juifs sont, en permanence, sur les lieux, lisant la Torah du matin au soir, tout au long de l'année.

«Les rites ne s'arrêtent pas et les gens viennent prier chaque samedi à la synagogue», indique, de son côté, Daoud Henni, ajoutant que les fêtes religieuses sont au nombre de cinq, avec les pâques juives (Pessah), en avril, suivies après un mois et 20 jours environ par la Simhat Torah, alors que le mois de septembre compte 3 autres fêtes, celles du jour de l'an (Roch-ha-Chanah), de l'expiation et du pardon (Youm Kippour) et la Sokkah.

A propos de la symbolique des cierges, de l'entrée à la synagogue sans chaussures, le port de la kippah pour les hommes et du foulard pour les femmes, Daoud Henni explique que ces rites entrent dans le cadre du respect de la sacralité de la pièce intérieure en tant que lieu de prière.

Juste en face de la synagogue, une bâtisse construite sur le modèle des écoles hafsides accueille des visiteurs qui célèbrent les rites et les traditions auxquels les jeunes juifs sont attachés en tant que symbole de leur identité religieuse.

Une galerie souterraine de cette bâtisse aboutit à un vaste hall abritant une exposition de produits d'artisanat, de mets et de pâtisserie juifs, alors que le hall supérieur est composé de pièces pour accueillir les visiteurs curieux de connaître les vestiges de la religion juive dans l’île tunisienne.

L’un des exposants dans cet espace, Victor Haddad, souligne que ce lieu abrite des témoignages de l'héritage juif tunisien et des symboles de l'identité juive, des bijoux aux vêtements, en passant par les poteries et les mets spécifiques.

Un passage au milieu du patio mène vers une autre cour intérieure qui abrite le commerce de Maarabi pour le nécessaire des rites, ainsi que 3 restaurants, un café et un bar.

Perez-Trabelsi-Ghriba

 Perez Trabelsi, chef de la communauté juive de Djerba: la poursuite de la tradition du pèlerinage de la Ghriba lui doit beaucoup.

Bkaila, fassoulia, kefta, brik et couscous

Dans la cuisine de l'un des restaurants, une dame de 71 ans, Rabika Touine, qui ne porte pas son âge, se démène, comme chaque année, entre les fourneaux, pour préparer les mets qui font plaisir aux visiteurs.

Rabika prépare le couscous spécifique des juifs de Djerba, cuit à la vapeur et sans sauce, ainsi que la fassoulia (des oignons avec des haricots), la bkaila, connue aussi en Tunisie sous le nom de madfouna, et le poulet rôti avec des frites.

Le deuxième restaurant prépare les grillades de viande de chèvre, de veau et de poulet, ainsi que les fritures dont la pomme de terre est la composante essentielle, la kefta (boulettes) avec du poulet, les briks, une vraie spécialité, préparés avec des oeufs et de l'harissa (purée de piment), un peu de pomme de terre et quelques autres ingrédients dont les juifs de Djerba ont le secret.

Des visiteurs, cités par l’agence Tap, ont déclaré: «Nous sommes Tunisiens comme vous, nous ne différons que par la religion et nous sommes vos frères, c'est pourquoi nous voulons que les choses redeviennent comme avant».

Source : Tap.

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