Manif-Famille-MartyrsLes parents des martyrs et blessés de la révolution ont entamé, mercredi, un sit-in devant le siège de l’Assemblée. Certains menacent d’entrer en grève de la faim.

Choqués par le verdict de la Cour d’appel militaire dans l’affaire des martyrs et blessés de la révolution, prononcé le 12 avril et qui a permis la libération de hauts cadres sécuritaires de l’ancien régime, les parents des martyrs et blessés de la révolution ont entamé un sit-in de protestation devant l’Assemblée nationale constituante (ANC) au Bardo... jusqu’à ce que les autorités répondent à leurs demandes. Ils demandent, surtout, que le parquet militaire se dessaisisse des affaires des martyrs et blessés de la révolution pour que celles-ci soient confiées à des tribunaux civils. «Pour que justice soit faite», disent-ils.

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Les parents des martyrs ont été empêchés de pénétrer dans l'enceinte de l'Assemblée.

Les manifestants ont agité des pancartes où on lit notamment : «La justice a enterré nos enfants une seconde fois», ainsi que des portraits de leurs enfants tués par des agents de l’ordre et des cercueils et des linceuls tâchés de sang, comme pour rappeler la tragédie des quelque 200 jeunes qui ont sacrifié leur vie pour une patrie ingrate.

Les protestataires, accompagnés de leurs avocats, notamment Me Charfeddine Kellil et Me Lamia Farhani, ainsi que des représentants de la société civile, ont scandé des slogans hostiles à tous les acteurs politiques, qu’ils accusent d’avoir «trahi les martyrs». Pour les familles, la classe politique parle mais n’agit pas. «Et c’est à cause de ce manque d’actions concrètes que le tribunal militaire s’est permis un verdict trop clément pour des assassins», ont-ils expliqué.

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Le sang et le linceul des martyrs symboliqmement mêlé aux drapeau national.

«Les partis utilisent l’affaire des martyrs pour leurs campagnes électorales et nous refusons cela. Les députés n’ont pu intervenir en faveur les 4 membres des familles des martyrs qui voulaient pénétrer dans l’enceinte de l’Assemblée. Comment voulez-vous qu’ils puissent prendre des décisions ou faire pression pour relancer l’affaire des martyrs et blessés de la révolution», a ironisé Me Farhani.

Des manifestants ont également voulu dégager l’activiste islamiste Adel Almi, président de l'Association centriste de la sensibilisation et de la réforme, qui voulait prendre part à la manifestation. «Vous soutenez Ennahdha, dégagez !», lui a lancé un manifestant. Réponse de Adel Almi: «Je n’y suis pour rien moi? Et je n’ai rien à voir avec Ennahdha. Portez plainte contre eux ou allez au diable avec eux!».

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Charfeddine Kellil et Adel Almi: même combat!

Un autre manifestant, bien remonté contre «l’intrus», a accusé ce dernier d’être un agent du Qatar et d’avoir les mains sales. «Vous n’avez rien à faire ici», lui a-t-il lancé. A ces accusations, l’activiste islamiste a répondu: «Vous êtes un membre du Front Populaire. De toute façon, les autres partis aussi ont vendu la patrie, comme Bourguiba et Caïd Essebsi». Une dame excédée par la futilité de l’échange, s’est mise à crier: «Arrêtez, ce n’est pas un jour de dispute». Puis, Me Kellil est intervenu pour mettre de l’ordre dans les esprits: «Toute personne qui soutient notre cause est la bienvenue… Même Adel Almi.» Ambiance...

Y. N. M.