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Les services agricoles de la région de Gabès, littoral sur-est, ont mis au point des programmes visant à encourager la culture industrielle du henné, spécialité régionale promise à un avenir internationale.


La notoriété des variétés du henné de Gabès, connues pour leur haute qualité et leur longue tenue, a franchi le territoire tunisien pour s’imposer sur les marchés internationaux sous le nom «henné de Gabès».
Cosmétique «bio» s’il en est, que les femmes utilisent (et parfois aussi les hommes) pour se teindre la paume de la main et les cheveux, le henné était, il n’y a pas longtemps, un élément indispensable du troussera de la mariée («hennat el-aroussa»). Mieux: la soirée du henné («leilat el-henna») est un rendez-vous incontournable que les nouvelles mariées ne rateraient jamais.     
Au cours de la saison écoulée, la région a réalisé 980 ha de cultures industrielles (henné, tabac) pour une production de 1.470 tonnes, un chiffre appelé à augmenter à travers l’intensification de la culture du henné, et notamment des deux espèces Tawsania Inermis ou Tawsania Alba, le cosmétique du terroir le plus employé par nos grands-mères et encore aujourd’hui par les habitants de la région.

Un art et une culture ancestraux
Depuis la nuit des temps, plusieurs pratiques et coutumes populaires ont été associées à cette plante. L’utilisation du henné est aussi un art qui s’est développé au fil des ans. Les modes de préparation de la plante ont beaucoup changé. De même pour son application sur la main, lors des cérémonies de mariage, qui a pris de nouvelles formes graphiques d’une profonde symbolique.



A Gabès, on distingue entre les variétés propres à chaque saison «boulila» en automne, et «pêche» ou «rouge» en été.
L’attachement des habitants de la région à cet art séculaire aux dimensions culturelles et sociales se reconnaît à la dynamique, à longueur d'année, du souk du henné à Jara, qui continue de drainer un grand nombre de visiteurs locaux et étrangers séduits par cette plante aux vertus colorantes, cosmétiques et thérapeutiques.
Cependant, et bien que le henné soit très prisé par les Gabésiennes et qu’elles continuent de l’utiliser lors des fêtes de mariage et de circoncision, ainsi que pendant les cérémonies funèbres, sa production a beaucoup baissé ces dernières années, cédant la place à de nouvelles cultures à haute productivité économique.
Ce manque d’intérêt pour cette plante s’explique par la baisse de la production, en raison de la raréfaction des pluies qui nuit sensiblement à la qualité de l’arbuste et à sa rentabilité.

Un cosmétique bio
Autre défi auquel fait face le henné de Gabès, la rude concurrence d’un produit importé, prêt à l’utilisation écoulé sur le marché parallèle.
Selon les producteurs, les difficultés rencontrées par ce produit du terroir sont aussi liées, aux circuits de commercialisation.
Pour rendre au henné de Gabès sa notoriété, il convient donc d’agir en amont, en encourageant les agriculteurs à développer la culture de cette plante, et en aval, en lançant des campagnes de promotion fondées sur les techniques modernes de marketing. Nos chercheurs (chimistes, agronomes, cosméticiens…) sont appelés, eux aussi, à mettre la main dans la pâte. Car, au moment où l’humanité se met au vert et se méfie des produits de beauté fabriqués en laboratoire, nous serions bien inspirés, nous autres Tunisiens, de redécouvrir les vertus médicinales et cosmétiques de cet arbuste et d’en développer la culture.

 

Kapitalis, avec Tap.