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Près d'un Tunisien sur 10 est atteint de diabète, mais peu de diabétiques ont une hygiène de vie adaptée à leur pathologie (soin, régime et activité physique). Des praticiens sonnent l'alarme...

Par Yüsra N. M'hiri

Novo Nordisk, entreprise pharmaceutique danoise, leader mondial dans le traitement du diabète, s'engage, aux côtés de l'Amicale des Diabétologues, dans la lutte contre cette pathologie en Tunisie, en misant sur l'éducation, la sensibilisation et la prévention.

Célébrée le 14 novembre de chaque année, la Journée Mondiale du Diabète rassemble des millions de personnes à travers le monde dans une vaste campagne de sensibilisation en vue de transmettre aux patients les bons reflexes permettant de vivre sa maladie en toute tranquillité.

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Le footballeur Zied Tlemsani s'engage dans la lutte contre le diabète.

Novo Nordisk a tenu une conférence de presse, vendredi, dans un hôtel de Tunis, pour présenter les différents programmes et actions planifiées dans ce cadre, avec pour invités d'honneur les professeurs Nejib Ben Abdallah (président de l'Amicale des Diabétologues de Tunis), Koussay El Euch (président de la Société tunisienne d'endocrinologie, diabète et maladies métaboliques, Stediam), Samira Blouza et Leïla Alouane (Institut national de nutrition), ainsi que l'ancien footballeur tunisien Zied Tlemsani, actuel patron de Bitaka, une société spécialisée dans les cartes à puces.

La prévention en guise de remède

Les responsables de Novo Nordisk souhaitent d'abord une réelle prise de conscience collective des dangers du diabète, une maladie dont le taux de pénétration parmi la population ne cesse d'augmenter. On est ainsi passé de 30 millions de malades dans le monde en 1987, ils sont aujourd'hui 371 millions et, selon une récente étude, ils seront un demi milliard d'ici 2030.

Tout l'intérêt est donc de tabler sur la prévention pour éviter d'atteindre ce chiffre. C'est pour cela qu'en cette année 2013, la campagne de prévention et d'accompagnement de cette maladie, qui démarre samedi, sera axée sur le triptyque éducation, prévention et protection. Les slogans choisis sont les suivants: «L'éducation est la prévention du diabète» et «Protégeons notre futur».

Un tournoi de football pour les enfants diabétiques est ainsi organisé les 9 et 10 novembre à l'espace Galaxy à Tunis, qui sera parrainé par Zied Tlmemsani, avec pour programme des matchs de qualification samedi après midi, et une finale de classement dimanche matin.

«Nous sommes tous directement ou indirectement touchés par le diabète, il faut donc sensibiliser les gens qui nous entourent à commencer par les plus jeunes», explique l'ancien footballeur. Tout en regrettant que les sports ne soient pas associés à ce combat, il ajoute: «J'apporte ma voix, mon aide et ma contribution, en attendant que le ministère de la Jeunesse et des Sports s'implique d'avantage lui aussi dans les campagnes médiatiques de lutte contre le diabète».

Des journées portes ouvertes, un programme de dépistage du diabète et une évaluation du risque de développer la maladie seront organisés par des professionnels de la santé dans différentes régions du pays entre le 14 et le 17 novembre: Tunis, Sousse, Sfax, Gabes...

Manque d'implication de l'Etat

Le professeur Koussay El Euch explique que plus de 9% des Tunisiens sont diabétiques et que 10% portent la maladie sans le savoir: «Il y a un problème au niveau du dépistage. L'Etat devraient mener des campagnes dans toutes les régions, notamment celles dont les habitants ne sont pas en mesure de le faire par eux-mêmes, faute de moyens», expliqué-t-il.

Nejib Ben Abdallah estime, de son côté, que le gouvernement est directement responsable des carences constatées dans le combat contre le diabète, et que les différents ministères concernés (Santé, Sports, Affaires sociales...) ne se soucient pas assez de la santé des citoyens.

Zied Tlemsani confirme ce reproche, en ajoutant que la Tunisie manque de terrains de sports et les citoyens ont du mal à maintenir une activité physique régulière, premier levier de prévention du diabète et d'autres maladies.

Les autorités sont donc invitées à renforcer leurs politiques de prévention, de dépistage et de contrôle du diabète, par des actions concrètes et une aide financière conséquente aux différents acteurs publics ou de la société civile engagés dans ce combat.

L'activité au cœur du traitement

Samira Blouza parle de la collaboration entre le médecin et son patient, qui permet à ce dernier d'avoir une vie saine, malgré la maladie. «Il faut sensibiliser, communiquer et accompagner incessamment le malade», dit-elle, en insistant également sur l'activité physique, qui reste un moyen très important pour alléger la maladie.

«Aujourd'hui, l'activité est devenue virtuelle. Nous voyons des enfants qui, au lieu de courir dans des espaces verts, ont une tablette à la main et naviguent sur Internet. Les hobbies actuels des enfants et des adolescents, comme les séries télévisées ou les jeux vidéo, n'encouragent pas à l'activité physique», déplore la praticienne. Selon elle, les parents sont les premiers responsables du mode de vie très sédentaire de leurs enfants.

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De gauche à droite: Pr El Euch et Pr Ben Abdallah.

Les intervenants sont unanimes: «Toute activité est bonne à pratiquer». Aussi déplorent-ils que les patients ne se déplacent souvent qu'en voiture, passent des journées entières assis devant l'écran de leur ordinateur et qui, le soir, se mettent devant la télévisions. «Notre rôle est d'accompagner nos patients et de les encourager, chacun selon ses moyens, à pratiquer du sport, à bouger, à marcher, pour que leur corps puisse respirer et se défendre», expliquent-ils.

Selon eux, la campagne de lutte contre le diabète ne concerne pas uniquement les médecins. Elle est l'affaire de tous les citoyens, qu'ils soient ou non (ou pas encore) atteints de cette pathologie dangereuse parce que silencieuse. Elle ne doit pas durer un jour, mais tous les jours, car le diabète, s'il est bien soigné, cesse d'être une maladie handicapante. Grâce à des soins équilibrés, une bonne hygiène alimentaire et une activité physique et/ou sportive, on peut vivre avec, et longtemps.

Ces 3 éléments clés de la prévention du diabète devraient être respectés également par les personnes saines et même par les plus jeunes.

Illustration:  De gauche à droite: Zied Tlemsani, Leila Alouane, Koussay El Euch, Nejib Ben Abdallah, Samira Blouza.