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Les 138 petites têtes brunes de l'école d'Oueld Dhifallah dans la délégation d'Aïn Draham, auront désormais droit, en milieu de journée, à un petit repas chaud, cuisiné sur place et servi dans le réfectoire récemment construit par Orange Tunisie.

Par Zohra Abid

Une année après la rénovation de l'école rurale d'Ouled Dhifallah – les autres écoles de la région, Ouled Khmissa, El Habib Rouiï, Zouitna et Jebel Dinar attendent encore de généreux donateurs –, qu'il a assuré, en partenariat avec l'association «Un enfant, des sourires», l'opérateur privé de téléphonie mobile est revenu sur les lieux pour l'inauguration du réfectoire. Et il n'est pas revenu les mains vides. Un camion était rempli de divers produits alimentaires : assez de réserves pour nourrir les petits écoliers pendant toute l'année scolaire.

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Les écoliers souhaitent la bienvenue aux bénévoles venus à leur rencontre.

L'entreprise mécène a pensé aussi à offrir à l'école 50 tablettes pour garnir sa bibliothèque, dotée d'équipements informatiques, offerts aussi par Orange, l'année dernière, après la rénovation de l'école.

L'hymne national avant toute chose

L'inauguration, prévue le 26 septembre, n'a finalement pas eu lieu ce jour-là pour cause de mauvais temps. En commun accord avec l'association «Un enfant, des sourires»,Orange a dû la décaler de quelques jours.

Le 1er octobre était un jour de fête à Ouled Dhifallah. Pour les enfants et leurs parents, ainsi que pour les membres du corps enseignant. C'était aussi un jour d'émotion pour tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réussite de cette opération de mécénat.

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Silence, on chante ensemble l'hymne national!

Point de départ: le siège d'Orange Tunisie où plus de 30 personnes se sont donné rendez-vous vers 8H. La petite caravane n'a pas tardé à prendre la route vers le nord-ouest.

Niché au sommet de la montagne de je ne sais combien de mètres d'attitude, Ouled Dhifallah n'est malheureusement accessible que par une route (ou plutôt une piste) tortueuse et non pavée. La traversée n'était pas facile. Mais lorsqu'on est là pour la bonne cause, on oublie la fatigue de la route interminable. Il faut dire aussi que l'ambiance sympa et conviviale dans le bus, ainsi que les paysages magnifiques, ont fait oublier à tout le monde les dédales vertigineux.

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 Samir Arfaoui, directeur de l'école, se plaint du problème de l'eau dans une région qui est le chateau d'eau du pays;  

Nous étions escortés par des unités de la garde nationale. La route était sécurisée et tout s'était donc bien passé. A l'accueil: le directeur de l'école Samir Arfaoui et ses 5 instituteurs, un représentant de la délégation régionale de l'Education ainsi que les filles en tablier rose et les garçons en blouse bleue brandissant des pancartes de remerciement à tous ces bénévoles venus à leur rencontre. Puis, place à l'hymne national. «Les tout-petits, écoutez seulement, ne chantez pas, laissez les grands, ils le connaissent par cœur», a lancé un instituteur aux élèves.

«Le réfectoire est un espace de vie pour les élèves. Il fait aussi fonction d'abri. Car, ces petits, qui empruntent des sentiers non carrossables, sont parfois guettés par les loups et autres animaux sauvages», explique M. Arfaoui.

Les enfants de l'école d'Ouled Dhifallah sont comblés car ils ont beaucoup de chance, estime-t-il. «Si chaque entreprise fait comme Orange, le pays se porterait beaucoup mieux», ajoute-t-il. Et d'enchaîner: «Ici, pas de manque d'hygiène, on achète même le shampoing pour les écoliers. On vérifie, tous les matins, que leurs ongles et leurs cheveux sont bien coupés. Car, sait-on jamais, avec les poux ou les infections contagieuses.»

M. Arfaoui admet cependant que «la vie est parfois injuste», car «les quelques 5.282 habitants de Tegma Ouled Dhifallah endurent beaucoup. En plus du climat très dur en hiver, ils vivent dans la misère. Vous n'avez pas idée.»

L'eau reste un problème majeur

M. Arfaoui, qui dirige l'école depuis près de 7 ans, est un enfant d'éducateurs. Il considère les enfants d'Ouled Dhifallah comme les siens. «Nous remercions l'association qui a organisé, le 9 avril 2011, pour les petits, une excursion à Dahdah à Tunis. 2 ans après, ils en parlent encore. L'association s'est aussi déplacée avec des médecins pour les ausculter. 9 élèves ont bénéficié de lunettes et nous avons détecté un cas d'anémie. Cette fille est suivie par des médecins traitants à l'hôpital d'Aïn Drahem», raconte M. Arfaoui.

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Les écoliers, en pleine pause Président, n'oublient pas de poser pour les journalistes.

«Grâce à Orange, les enfants vont désormais manger à leur faim», dit-il encore. Et de poursuivre : «Nous avons reçu ce stock, en pâtes, riz, couscous, conserves et caisses de biscuits pour toute l'année. Et l'entreprise nous a donné de quoi acheter les légumes et les viandes ou poissons frais».

Le directeur n'oublie pas de signaler que le ministère de l'Education fournit 0,450 dinar par jour pour chaque tête. C'est le prix d'une collation froide. Mais ce qui pose encore problème à Samir Arfaoui, c'est l'eau. «Nous avons ici un puits, mais une vraie eau potable, il n'y en a plus depuis que la citerne d'eau dans la zone a été cassée par des manifestants et que l'Union des agriculteurs a refusé de la réparer. Il faut que je me démène pour leur apporter de l'eau à partir de la source, c'est à la montagne, à 2 km de l'école», dit-il.

Souriez et dites «Cheese!»

Dans la cour, c'est la fête au Président. C'était l'heure du goûter et les tout-petits ont eu droit à une boite de fromage. Ils sont déjà à leur 2ème ou 3ème camembert. Les aînés ont caché leur boite en attendant de recevoir leurs tablettes. «Je vais le partager avec mes sœurs et mon frère le berger, à mon retour à la maison», nous dit Mohamed Ali, à voix basse. On en a presque les larmes aux yeux.

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Merci à la garde et à l'armée nationales qui ont sécurisé la caravane de solidarité.

En classe, tout le monde est là sur l'estrade, devant le tableau pour la photo souvenir. Dehors, les bénévoles venus de Tunis, côte-à-côte avec les agents de la garde nationale. Souriez, et dites «cheese!».

Rien que pour vivre ces moments forts de solidarité, d'humanité et de coeur, le déplacement à Ouled Dhifallah était nécessaire, essentiel...