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La maman du martyr Mohamed Brahmi, assassiné hier par des extrémistes religieux, appelle à la rébellion et à la dissolution du gouvernement provisoire. Elle demande à tous les «Tunisiens libres» de «laver le sang» de son fils.

Par Yüsra N. Nemlaghi

 Abattue, fatiguée mais gardant une certain force intérieure dans sa fragilité, Halima, la mère de feu Mohamed Brahmi, député de l'opposition et dirigeant du Front populaire, assassiné jeudi en sortant de sa maison, à la cité Al-Ghazala, au nord de Tunis, ne pardonne pas l'assassinat de son enfant. Elle nous explique que cet acte doit déclencher une rébellion sans précédent. «Moi, je ne suis pas cultivée, je suis illettrée, je vis loin de tout dans mon petit chez moi. Mais la mort de ma chaire et de mon sang m'a beaucoup appris. Je suis maintenant sûre que les islamistes sont des criminels et il faut les écarter au plus vite du gouvernement», dit-elle entre larmes et soupirs saccadés, et d'ajouter: «S'ils ont un minimum de dignité, et bien qu'ils partent».

La dame, d'un certain âge, qu'elle ne saura pas nous préciser, sursaute de temps en temps lors de l'interview. «Excusez moi, je vais voir mon fils, je l'entends m'appeler, il est avec ses amis, devant la maison». Elle devient intenable, sort, le pas pressé et maladroit, puis revient en sanglots, réalisant que ce n'est que le fruit de son imagination.

Elle estime que son fils Mohamed, lâchement assassiné, avait raison de faire de la politique du côté de l'opposition. Elle nous avoue pourtant n'avoir jamais ni compris, ni apprécié son travail par le passé, mais aujourd'hui, elle dit le soutenir et vouloir que le peuple tunisien reprenne le flambeau: «Hamma (diminutif de Mohamed, Ndlr) a raison, il faut que le président et tous ceux qui gouvernent partent. Ennahdha se proclame de Dieu, mais ses partisans ne connaissent rien à la religion. Hamma, lui, est mort fièrement, durant le mois saint, il a fait sa prière du Fajr, et il était à jeun lorsqu'il a trouvé la mort... Hamma m'attend au paradis», conclue-t-elle dans un long soupir.