avortement 6 20Le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha va-t-il remettre en question les acquis de la femme tunisienne en matière de pratique de l'interruption volontaire de la grossesse (IVG)? Ou, plutôt, pourra-t-il le faire?

Apparemment, le gouvernement n'y pense pas. En tout cas, pas pour le moment, car il a d'autres chats à fouetter. Pour preuve: le ministère de la Santé, dirigé par le dirigeant islamiste Abdellatif Mekki, vient de donner son accord de principe pour la commercialisation de la pilule du lendemain, une nouvelle pilule abortive.

C'est ce qu'a indiqué, jeudi, un haut responsable du ministère, au moment où des informations circulent sur une éventuelle remise en cause du droit à l'avortement en Tunisie.

«La politique de la Tunisie en matière de planning familial est irréversible. Le ministère de la Santé a donné son accord de principe pour la commercialisation en Tunisie d'une nouvelle pilule abortive», a affirmé à l'agence Tap, Nadia Fenina, directrice de la pharmacie et des médicaments au ministère de la Santé.

Des informations avaient circulé récemment sur les réseaux sociaux concernant l'adoption de nouvelles restrictions en matière de contraception, dont la commercialisation, sur ordonnance, des pilules contraceptives, actuellement en vente libre dans les pharmacies en Tunisie.

En mars dernier lors du Forum social mondial tenu à Tunis, l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) avait exprimé «des inquiétudes» concernant «les risques d'une régression» dans les textes législatifs et la pratique de l'interruption volontaire de la grossesse (IVG) en Tunisie.

L'IVG est autorisée en Tunisie depuis 1973 en vertu de l'article 214 du code pénal (loi N°73-2 du 26 septembre 1973).

Une enquête de l'Office national de la famille et de la population (Onfp), réalisée en 2012, révèle que 70% des femmes choisissent, en matière d'avortement, plutôt la méthode médicamenteuse.

Le rapport élaboré par l'Atfd souligne une baisse de 2% des activités d'IVG dans les cliniques de l'Onfp et de plus de 55% dans les services hospitaliers.

«Ces chiffres alarmants témoignent de services non disponibles et des difficultés que les femmes rencontrent à l'accès à l'interruption volontaire de grossesse aujourd'hui», s'inquiète l'organisation féminine.

I. B. (avec Tap).