harcelement 6 10La violence sexuelle contre les femmes a sensiblement crû en Egypte, en raison de la montée en puissance des islamistes radicaux qui cherchent à les dissuader de prendre part aux manifestations anti-islamistes.

L'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes a publié, le 23 mai dernier, un rapport dans lequel elle révèle que 99,3% des femmes égyptiennes ont subi des violences sexuelles. Près de 50% d'entre elles ont déclaré que les harcèlements sexuels ont augmenté depuis la Révolution du 25 janvier 2011; 44% disent que ces crimes sont restés stables et que la Révolution n'a rien changé. Alors que les Egyptiens interrogés déclarent, à 58%, que les harcèlements ont augmenté durant la période post-révolutionnaire.

La direction de la police des mœurs rapporte qu'il y a eu, en 2012, un total de 9.468 harcèlements, 329 agressions sexuelles et 112 cas de viol.

Pour la société civile, les chiffres du ministère de l'Intérieur sont loin de la réalité car les victimes choisissent de ne pas faire appel au système judiciaire, par crainte de se déshonorer elles-mêmes et leur famille.

L'étude de l'agence onusienne révèle aussi que 19% des Egyptiennes agressées sexuellement accusent des agents des forces de l'ordre. 32,2% gardent le silence et s'éclipsent, alors que 26,9% des victimes trouvent le courage de riposter.

Cette recrudescence du crime sexuel en Egypte post-révolutionnaire est très souvent attribuée à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays et à la montée en puissance des islamistes radicaux qui sèment la peur parmi les femmes pour leur déconseiller de prendre part aux manifestations anti-islamistes.

Au début de l'année, le prêcheur salafiste Ahmed Mahmoud Abdallah n'a éprouvé aucune gêne à déclarer que les femmes protestant sur la Place Tahrir ne représentaient nullement «une ligne rouge» parce qu'elles «n'éprouvent aucune honte et souhaitent même être violées».

Conclusion: si les Egyptiennes peuvent être tentées de rester chez elles ou de réfléchir à deux fois avant de descendre manifester dans la rue, il faudra comprendre que ce ne sont pas les grenades ou les balles des forces de l'ordre qui les en dissuadent, mais plutôt les agressions sexuelles des extrémistes religieux qu'elles peuvent encourir.

Moncef Dhambri

Source: ONU Femmes.