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La jeune Canadienne du groupe Femen qui a dénudé ses seins devant l'ex-chef du gouvernement Hamadi Jebali, samedi, à Montréal, s'explique dans un entretien dont nous reproduisons l'essentiel.

Traduit de l'anglais par Moncef Dhambri

Xenia Chernyshova, citoyenne canadienne, retira brusquement son chemisier, mettant à nu sa poitrine, et fit irruption sur la scène pour interrompre le speech de Hamadi Jébali, l'ancien chef du gouvernement provisoire tunisien invité d'un meeting organisé par l'association des «Tunisiens solidaires de Montréal».

La vidéo de ce happening de Melle Chernyshova, criant «Free Amina ! Free Amina!» avant qu'elle ne soit arrêtée dans son élan et mise hors d'état de nuire par certains membres de l'auditoire irrités par cette effraction qui venait perturber les paroles sages du secrétaire général d'Ennahdha, a vite fait le tour de la planète.

Hier, le journal électronique canadien ''The National Post'' (''NP'') a pu s'entretenir avec Xenia Chernyshova, dirigeante de la branche Femen au Québec, citoyenne canadienne d'origine ukrainienne, arrivée à l'âge de 12 ans au Canada, en 1998.
Nous publions, ici, la traduction de certains extraits de cette longue interview de la militante Femen...

National Post: Comment êtes-vous parvenue sur la scène sans que personne ne s'en aperçoive?
Xenia Chernyshova: J'étais surprise de pouvoir m'approcher aussi facilement. J'ai tout juste eu à attendre que (M. Jébali) soit seul, et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de sauter sur scène, que je me suis déshabillée. C'était aussi simple que cela.

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Xenia sortie de force de la salle par des gardes sous le regard amusé de Hamadi Jébali. 

Quelles sont les idées qui ont traversé votre esprit avant de surgir sur l'estrade?

Je savais tout simplement que je me devais de le faire. J'avais peur, il est vrai. En réalité, je n'en avais cure. C'est le genre de truc que vous avez dans le ventre.

Pourquoi ce choix de montrer sa poitrine nue?

C'est une manière de dire ''Mon corps m'appartient''. Cela n'a rien à voir avec l'idée que mes seins sont sexuels. Non, mes seins sont politiques. Mes seins peuvent déranger une conférence, une réunion ou un autre évènement. Et ceci est d'autant plus vrai que vous le faites devant des personnalités islamistes. Ceci a le mérite de les mettre en colère. C'est un moyen pour les femmes de pouvoir vraiment s'exprimer. Ce serait différent si je portais mes vêtements et que je hurlais, personne n'y prendrais garde. Les gens diraient : «Elle est hystérique». Alors que, avec mes seins nus, je peux paraître plus folle, mais mon acte a un impact.

Justement, à propos de la portée de votre geste. Ne pensez-vous pas que l'attention se porte plus sur votre tactique que sur votre cause?

Bien sûr, j'ai beaucoup réfléchi à cette question. Au Canada, je le sais, et je suis contente que personne ne désapprouve mon geste. Les gens d'ici ne parlent pas de mon corps nu. Ils parlent plutôt des gens que je défends. Le Canada est un pays ouvert. Ce qui a, sans doute, attiré l'attention du public canadien c'est certainement la manière violente qui a été utilisée contre moi pour me dérober de la scène.

Le texte intégral de cette interview est accessible, en anglais, sur le site du ''National Post''