C’est finalement le socialiste François Hollande, qui a remporté l’élection présidentielle française avec 51,90%. Il sera l'homme de la réconciliation des Français, que Sarkozy,le grand perdant de la soirée, a travaillé à diviser pendant son quinquennat.

Par Hakim Frigui, correspondant en France


Les causes de la défaite (annoncée) de Sarkozy ont déjà été largement débattues lors de la campagne. Que ce soit sur le terrain économique, de la politique internationale ou de la cohésion sociale française, son bilan est mitigé sinon négatif. Son échec à l’élection présidentielle n’en est donc que le juste résultat.

La crise n’explique pas tout

Certes, il y a la crise mais cela n’explique pas tout. Sur la croissance, le chômage, les salaires, la balance commerciale, Nicolas Sarkozy a échoué. Lui qui disait qu’il irait chercher la croissance avec les dents, lui qui a promis aux français de «travailler plus pour gagner plus», laisse une France en crise économiquement avec un chômage en augmentation et une balance commerciale très déficitaire.

Jamais les Français n’ont été autant monté les uns contre les autres. Les syndicats contre les entreprises au point tel qu’il a laissé un monde de l’entreprise déchiré. Les journalistes contre les politiques avec de nombreuses affaires (d’écoute téléphonique ou plus récemment les attaques contre la presse et les journalistes, notamment ceux de Médiapart).

 

Résultats d'après les dernières estimations Csa, Tns Sofres et Ipsos.

L’art de manier la peur «du loup islamiste»

Mais là où Sarkozy fut le numéro 1 sans conteste, c’est dans l’art de manier la peur «du loup islamiste». Dans ce domaine, il a eu un «modèle» en la personne de son «ami» et «obligé», l’ex-président tunisien Zine El Abidne Ben Ali. Jamais autant de Français n’ont été autant ouvertement islamophobes que sous sa présidence.

Sarkozy, ce président qui n’a cessé de stigmatiser et insulter l’islam et les musulmans. Qui n’a cessé de faire des lois sur le voile. Qui n’a cessé de taper médiatiquement sur des Français musulmans qui n’ont fait, pourtant, que pratiquer pacifiquement leur religion.

Bilan de tout cela, des personnes qui, hier, vivaient ensembles et sereinement (même s’il pouvait y avoir souvent des problèmes, mais dans quelle société il n’y en aurait-il pas?).

Bilan de tout cela: une France divisée et où l’on regarde désormais plus les différences que les ressemblances.

 

François Hollande, le nouveau visage de la France.

L’ami protecteur des dictateurs

Sarkozy, ce donneur de leçons mondiales sur les droits de l’Homme et le respect de l’autre d’un côté, et qui, de l’autre, a soutenu jusqu’au bout son ami Ben Ali, qui a accueilli Mouamar Kadhafi et Bachar El Assad en grande pompe, avant de se retourner politiquement contre eux. Avis aux dictateurs mentalement colonisés: leurs protecteurs et maîtres n’hésitent pas à se débarasser d’eux dès qu’ils n’en ont plus besoin…

Sarkozy qui, via sa ministre des Affaires étrangères, a proposé d’aider le régime dictatorial de Ben Ali en le faisant profiter du savoir-faire sécuritaire français au moment même où des Tunisiens tombaient sous les balles parce qu’ils voulaient la liberté.

Sarkozy, qui a osé venir «poignarder» en direct (discours de Dakar) les Africains subsahariens, alors qu’il était leur invité, en leur assénant un terrible «vous n’êtes pas assez entrés dans l’Histoire». Une phrase qui rappelle les périodes sombres de la colonisation française.

 

Sarkozy, le 3e déchu... par urnes.

Sortie par la petite porte de l’Histoire

C’est bien connu, Nicolas Sarkozy est un grand poète des mots. Il manie bien la langue française. Petit florilège: «Casse toi pov’con», ou encore: «On va nettoyer tout ça karcher»…

Non, par ce vote le peuple français vous a dit de «dégager», comme le peuple tunisien l’a fait il y a quinze mois à sa manière, à votre ami Ben Ali.

De son côté, l’Afrique, celle qui a tant apporté à l’Humanité, celle que vous avez tant stigmatisé, celle qui représente l’avenir avec le monde nouveau qui se dessine, cette Afrique là vous salue et constate, enjouée, votre sortie (à vous) de l’Histoire.