Trois membres du gouvernement Hamadi Jebali se rendront à la mi-mars au Canada. Pour quoi faire? Surtout qu’aucune rencontre officielle n’est prévue avec des responsables canadiens.

Sarra Guerchani, correspondante à Montréal.


Du 17 mars au 24 mars, les ministres de l’Enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, et de la Réforme administrative, Mohamed Abbou, seront de passage au Canada. Le chargé de l’information auprès du Premier ministre, Ridha Kazdaghli, devrait également être de la partie.

L’ambassade tunisienne n’est pas au courant

Les autorités tunisiennes au Canada n’avaient pas l’air, avant-hier, d’être au courant de la venue des ministres. Le consul de Tunisie à Montréal, Nehrou Arbi, joint ce matin par téléphone, a dit avoir été mis au courant par des citoyens tunisiens de Montréal et qu’il n’avait pas beaucoup d’information au sujet de cette visite «surprise».

Selon le consulat, l’invitation aurait été émise par l’ambassadeur canadien à Tunis, c’est ce qui expliquerait donc le manque d’information des autorités tunisiennes au Canada: «Il y a deux façons officielles de faire passer une délégation tunisienne au Canada. La première est que l’invitation vienne du ministère des Affaires étrangères de notre pays. Dans ce cas précis nous nous en occupons, mais, a priori, c’est l’université de Colombie Britanique qui a émis l’invitation, et c’est donc le Canada qui invite», explique Nehrou Arbi.

En effet, Adel Guitouni, professeur en science de la gestion, à l’université de Victoria (British Colombie dans le sud-ouest du Canada) et consultant auprès du ministère de la Défense au Canada, serait à l’origine de cette visite ministérielle. L’homme travaille dans le domaine de l’aide à la décision, à la planification stratégique et à la gestion des ressources.

La délégation tunisienne assistera à une présentation de projet de l’université de Colombie Britannique en rapport avec la gouvernance. C’est ainsi que le présente le professeur d’origine tunisienne: «Mon université a une expertise assez profonde dans le domaine de bâtir les capacités, la formation de leader et la gouvernance. Notre faculté et ses partenaires de par le monde ont une longue expérience de soutien aux réformes gouvernementales, institutionnelles et universitaires», dit Adel Guitouni.

Une tournée dans quelques provinces au Canada

En effet, «l’université de Victoria avait auparavant travaillé sur la transition en Afrique du Sud, certains pays de l'Amérique du Sud, de l’Asie et ailleurs», précise encore M. Guitouni. Il explique aussi sa démarche : «Vu les grands chantiers de réformes en Tunisie, et en tant que Tunisien d’origine, j’ai encouragé mon université à considérer le soutien de notre pays dans cette phase importante de son histoire. Mon université est très intéressée à signer une entente de collaboration».

La délégation tunisienne de passage à Victoria devrait, durant son séjour, signer cette accord.

Les ministres tunisiens auraient l’intention de rencontrer la communauté universitaire tunisienne de Montréal durant la journée du 18 mars prochain. La délégation enchainera avec une tournée dans quelques provinces au Canada, toujours dans le but de rencontrer les étudiants et les chercheurs tunisiens, avant de se rendre à Victoria dans le but d’en savoir plus sur le projet de recherche du professeur Guitouni.

Une visite avec les responsables de la Mission universitaire tunisienne en Amérique du Nord est aussi prévue. Cela pourrait laisser croire que les deux ministres tunisiens essaieront de rétablir le contact avec le Canada afin que les étudiants tunisiens privés de leur exemption d’étude se voient restituer celle-ci.

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