Quatre jours après la fuite de Ben Ali, les fonctionnaires de la Caisse nationale de la sécurité sociale (Cnss) ont «dégagé» Mongi Ayeb, Dga, accusé d’être un homme de Ben Ali. Le gouvernement Jebali vient de le récupérer.


Et pas seulement récupéré. Mais propulsé au grade de directeur général du département des Ressources humaines auprès du ministère du Plan et de la Coopération internationale. Cette nomination est parue sur le Journal officiel de la république tunisienne (Jort, numéro 4.843 en date du 10 décembre 2011).

M. Ayeb a été actif dans le Rcd (parti dissous) et il a été accusé par les fonctionnaires de la Cnss d’appartenir à l’ancien système. Selon des rapports, il a laissé un trou de 64 millions de dinars dans les caisses de la Cnss.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Jebali fait appel aux anciens collaborateurs de Ben Ali. Il y a quelques semaines, dans le secteur des médias, le chef du gouvernement a nommé à la tête du journal ‘‘La Presse’’ Néjib Ouerghi, un ancien directeur du quotidien ‘‘Le Renouveau’’, organe francophone du Rcd, et ex-Pdg de la Tap, l’agence officielle chargée de la propagande de Ben Ali et son régime.

Autres exemples de «récupération» de Rcdistes par le gouvernement actuel : Amor Nsaïri, ex-gouverneur de Sousse connu pour ses attaches profondes avec les milieux Rcdistes, a été nommé directeur du cabinet du chef du Gouvernement avec le rang et les privilèges d’un  ministre.

L’homme, sorti à la retraite, a même bénéficié d’une prolongation d’une année (arrêtés n° 36 et 37, datés du 1er février 2012). De même, Mahmoud Ben Fadhl, ex-Pdg de l’Agence technique du transport, qui avait été démis de ses fonctions après la révolution, a repris ses fonctions auprès du ministre du Transport Abdelkerim Harouni en tant que conseiller.

C’est à croire que la Tunisie manque cruellement de hauts cadres qualifiés pour que le gouvernement dirigé par Ennahdha se mette à recruter parmi les ex-Rcdistes. On est bien rassuré. La rupture avec l’ancien régime est en marche, sauf qu’elle prend la forme d’une continuation. On prend les mêmes et on recommence. Mais on recommence quoi ?

Z. A.