Les discussions au sein de la commission ad hoc de l’Assemblée constituante chargée du projet d’organisation provisoire des pouvoirs publics ont montré des divergences entre Ennahdha et les autres partis.


Ces divergences portent essentiellement sur deux articles attribuant au Premier ministre trop de pouvoirs et limitant excessivement ceux du président de la République. Ce qui ferait passer le pays d’un système d’hyper-président à celui d’hyper-Premier ministre, et donnerait au parti islamiste tunisien, dont sera issu le prochain chef du gouvernement, une mainmise quasi-totale sur la vie politique dans le pays en cette période de transition.

La tentative de passage en force d’Ennahdha ayant achoppé à un vote défavorable (9-13, 11-11) aux textes qu’elle a proposés, la question sera tranchée en séance plénière de l’Assemblée constituante.

Les «frères» de Hamadi Jebali retiendront-ils la leçon et reviendront-ils à des positions plus consensuelles, donc plus démocratiques et respectueuses de la pluralité tunisienne, ou chercheront-ils à profiter de leur poids au sein de la Constituante (89 sièges sur 217) pour essayer de pousser leur avantage et d’imposer leur domination sur la vie politique dans le pays ?

Dans ce cas, quelle serait la position de ses deux alliés, le Congrès pour la république (Cpr) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) ? Accepteront-ils de cautionner cette démarche qui les marginalise autant que les autres composantes politiques de l’Assemblée constituante, et qui plus est, les décrédibilise aux yeux de leurs électeurs ?

Au regard des réactions des représentants du Fdtl, notamment Khémaies Ksila, on peut s’attendre à des résistances fortes des forces démocratiques aux appétits de pouvoir d’Ennahdha.

Imed Bahri