Le secrétaire général d’Ennahdha, Hammadi Jébali, multiplie les passages dans les médias pour annoncer sa candidature pour diriger le prochain gouvernement.


«Le secrétaire général du parti qui remporte la majorité des suffrages aux élections, dans toutes les démocraties du monde, occupe le poste de chef de gouvernement», explique-t-il. C’est ce qu’il a réitéré dans une interview à l’agence Tap, mercredi.

Les «présidentiables» d’Ennahdha

M. Jebali a souligné aussi que son parti a aussi ses candidats à la présidence qu’il va proposer aux autres partenaires politiques représentés à l’assemblée nationale constituante. Il a cité les noms de Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl, Ettakattol), Moncef Marzouki, le président du Congrès pour la république (Cpr) et Béji Caïd Essebsi, Premier ministre sortant, qui passerait ainsi de la Kasbah à Carthage.

M. Jébali considère, d’autre part, que «la victoire du mouvement Ennahdha avec un taux qui peut atteindre ou dépasser 50% des voix n’est pas un motif de satisfaction pour les militants du parti et sa direction», en raison du mode de scrutin à la proportionnelle, «qui n'est pas équitable dans la distribution des sièges.» Ce taux ne permettrait pas, en effet, au parti islamiste tunisien d’avoir plus de 30 ou 35% des sièges de la Constituante.

Le secrétaire général d’Ennahdha a souligné, dans le même entretien, que le choix d’une partie importante du peuple tunisien reflète une grande confiance dans son programme et son action sérieuse pour le servir et pour remédier aux grands problèmes que connaissent certains secteurs. Par ce choix, de nombreux électeurs ont voulu récompenser Ennahdha pour son action militante et compenser la répression qu’il avait subie tout au long des dernières décennies de la part des deux précédents régimes.

Consolider les libertés individuelles

En réponse aux allégations selon lesquelles le Mouvement pourrait «imposer une constitution abrogeant les libertés individuelles, et notamment de croyance, les lois protégeant la femme et renforçant sa place dans la société, M. Jebali a souligné que la nouvelle constitution sera élaborée dans le cadre d’un «consensus avec les autres partis et les partenaires représentés au sein de l'Assemblée constituante», qu’elle «ne reviendra sur aucune liberté et qu’au contraire, elle cherchera à les consolider toutes.»

Il a, dans ce sens, affirmé que les représentants du Mouvement au sein de la Constituante «vont travailler en cohésion totale avec les autres partis» et qu’ils «ne s’opposeront à aucune proposition, notamment un référendum sur la constitution.»

Pas touche au statut des femmes

M. Jebali, qui a exprimé son « total rejet » de la proposition de Hechmi Hamdi d’une coalition entre Al Aridha Al Chaâbia (Pétition populaire) et Ennahdha, a affirmé, sur un autre plan, qu’il n’y aura aucune atteinte au Code du statut personnel (Csp), ni réinstauration de la polygamie, ni imposition du port du hijab pour la femme, qui sera libre de pratiquer sa religion et ses convictions. Il a ajouté, dans ce sens, qu’il «n’est pas question de faire revenir la femme au foyer comme cherchent à le propager des ennemis du Mouvement», considérant que le travail de la femme est important et constitue un plus pour la société.

Le secrétaire général d’Ennahdha a, en outre, affirmé que son mouvement «sera le premier à accorder aux femmes la moitié des sièges qui lui seront accordés, qu’elles portent le hijab ou non».

Dans les domaines social et économique, M. Jebali a indiqué que «le Mouvement ne touchera à aucun secteur, mais cherchera à consolider les acquis et à trouver des solutions rapides aux problèmes qui entravent la réalisation du développement équitable, entre les régions et la réduction du chômage».

La finance ne sera pas qu’«islamique»

Il a affirmé que le tourisme est parmi les acquis à ne pas mettre en cause. «Est-il raisonnable de paralyser un secteur vital comme le tourisme, en interdisant les boissons alcoolisées et le port de maillots de bain, ou autres pratiques ? Ce sont des libertés individuelles garanties aussi bien pour les étrangers que pour les Tunisiens», a-t-il indiqué.

Interrogé sur les craintes de certains hommes d’affaires sur les retombées de certaines orientations de son mouvement sur le secteur financier, M. Jebali a indiqué qu’il n’y a «aucune intention de généraliser les banques islamiques ou d’abroger le système financier en vigueur en Tunisie, ni de restreindre les activités des hommes d’affaires.» Au contraire, a-t-il précisé, «ils seront soutenus, à travers la polarisation des investissements arabes et étrangers», affirmant que «ces craintes n'ont aucune justification».

I. B. (avec Tap).