Au cours d’une conférence de presse tenue lundi à son siège, le Parti démocrate progressiste (Pdp) a tiré les conclusions de sa participation aux élections de la Constituante. Mais refuse l’autocritique…
Par Marouen El Mehdi

 


Les responsables du Pdp ont accepté le verdict des urnes mais ils estiment que les résultats n’ont pas convenablement récompensé les efforts déployés par le parti.

«Nous acceptons le verdict final qui reflète la volonté du peuple et nous respectons ses opinions, mais j’estime que le résultat final n’a pas bien récompensé les efforts que nous avons déployés, particulièrement depuis le 14 janvier 2011. Il nous appartient de tirer les conclusions qui s’imposent et percevoir les messages adressés par un tel verdict. Nos militants et sympathisants doivent être conscients que le Pdp poursuivra sa marche et œuvrera à la réalisation des ambitions et des objectifs du peuple qui lui assurent la liberté, la dignité et la justice et à l’élaboration d’une Constitution qui respectera et défendra ces principes», a affirmé Maya Jribi, la secrétaire générale du parti, qui a également exprimé sa fierté de voir les élections se passer dans de telles conditions.

Le rôle décisif des indécis

Maya Jribi a beaucoup parlé du rôle joué par les indécis, qui représentaient 40% du nombre total des électeurs : «A priori, c’est là que tout s’est joué et ce sont ces indécis qui ont influé sur le verdict final. De même, il y a eu des surprises incroyables et nous allons analyser et essayer d’expliquer ces énigmes. Les sondages d’opinion opérés des semaines avant les élections plaçaient notre parti en bonne position et ça prouve que notre action était bonne, mais ce qui s’est passé lors des derniers jours a peut-être changé des choses», a dit la secrétaire générale, ajoutant que son parti va devoir désormais bien jouer son rôle de parti d’opposition : «Nous aurons un rôle différent à jouer et nous exigerons de la majorité qui siègera à la Constituante de servir les intérêts du peuple et d’en tenir compte dans la rédaction de la nouvelle Constitution», a-t-elle expliqué.

Alliances : tout dépendra des autres

La victoire éclatante d’Ennahdha ne semble pas effrayer la secrétaire générale du Pdp : «Nous ne devons pas avoir peur de la démocratie tant que nous œuvrons tous pour l’intérêt suprême du pays et du peuple». Abordant l’épineux sujet des futures alliances, Nejib Chebbi, le président du Pdp, a rappelé que son parti «a été le premier à appeler à la formation de fronts démocratiques avant les élections et également au sein de la Constituante. A présent, nous sommes du côté de l’opposition et nous allons discuter avec les autres formations politiques. Tout reste possible pour l’avenir même si je m’attends à voir quelques partis changer d’option après la proclamation des résultats».

Le Pdp reconnaît-il ses erreurs à présent après son échec aux élections ? Tel n’est pas l’avis de Maya Jribi : «Nous avons beaucoup travaillé et le fait de se trouver en groupe de tête dans les sondages d’opinion ne fait que confirmer la justesse de notre manière de travailler. Nous allons bien entendu tirer les leçons de cette participation et de cet échec, mais nous sommes persuadés d’avoir beaucoup travaillé et d’avoir récolté beaucoup moins que ce qu’on a semé».

Ce qui est tout de même surprenant c'est que non seulement Mme Jribi se refuse à toute autocritique, mais à aucun moment elle ne met en question le sérieux et la crédibilité des pseudo-sondages qui accréditaient son parti de scores largement plus élevés que celui réalisé. C'est à se demander si, finalement, tout le monde n'a pas été induit en erreur par ces sondages !