Les Tunisiens à l’étranger ont déjà commencé ce matin à voter pour la Constituante. Notre correspondant à Genève a vécu une journée particulière avec les membres de l’Irie suisse.

Par Haykel Ezzeddine, à Genève


 

Une ambiance indescriptible règne sur la communauté tunisienne établie en Suisse. Une effervescence de bon aloi qui augure d’une élection dans de bonnes conditions. L’exemple vient de Genève où l’on a vécu une journée mémorable à J-1.

La Constituante est en bon chemin et les élections, qui ont démarré ce jeudi 20 octobre et se prolongeront jusqu’à samedi 22 sur le territoire suisse mais aussi dans tous les pays où résident des Tunisiens hors Tunisie, suscitent un certain enthousiasme.

On s’impatiente et on compte les heures pour enfin voter la première fois de sa vie loin de toutes contraintes et en toute transparence. Par leur maturité, les Tunisiens le méritent et on ne va pas refaire l’histoire de cette révolution qui a ouvert la porte à la libération des peuples dans d’autres pays arabes.

La Tunisie est un grand laboratoire à ciel ouvert. Le pays est attendu au tournant, la démocratie qui sent le jasmin a-t-elle une chance de percer, de confirmer et de montrer le chemin aux autres ? Impossible n’est pas tunisien et le 23 octobre la bonne tenue des élections de la Constituante sur le territoire tunisien fera date, du moins on l’espère. Et marquera un tournant dans l’histoire de la région.


Découverte des documents officiels (Ph.Haykel)

Conférence de presse de l’Irie Genève

Mercredi 19 octobre, à 13h00, au Club suisse de la Presse, Mohamed Hassen, responsable d’Irie Suisse et 5 présidents de bureaux de vote en Suisse ont tenu une conférence de presse et répondu aux nombreuses questions posées par la presse locale. Certaines de ces questions ont eu du mal à trouver une réponse convaincante mais la sincérité qui se dégage des réponses de tous les protagonistes «bénévoles», œuvrant pour le bon fonctionnement de ce scrutin, fait beau à voir. Une démocratie balbutiante certes mais pleine d’énergie et de bonne volonté. Les 6 responsables des votes en Suisse ont pris congé de leur travail et de leur famille pour se consacrer entièrement à cette noble tâche pendant 3 jours entiers de 6h30 du matin jusqu’à 19h30.


L'urne, objet de tous les désirs (Ph.Haykel)

Pendant cette conférence, qui a duré 1h30, Mohamed Hassen, n’a pas arrêté de rappeler que «c’est un moment historique pour récréer l’histoire de la Tunisie moderne». Et que même s’il y a des couacs et des imperfections, il ne faut pas oublier que ce sont les premières élections libres que connaît le pays après une longue dictature. Une période d’apprentissage inévitable vu les délais impartis. Quelques regrets quand même: un budget presque inexistant, absence de communication, manque d’informations fiables et surtout aucun rassemblement avec les Tunisiens de Suisse pour leur présenter la liste pour laquelle ils vont voter ou tout simplement répondre aux questions qui pourraient être posées le jour J.

Sur les 15.630 tunisiens inscrits à l’ambassade de Tunisie 10.820 ont le droit de vote. Seulement 3.000 d’entre eux se sont inscrits dans les délais, mais tous ceux qui ne l’ont pas fait peuvent voter en présentant un passeport ou une carte d’identité à l’un des 5 bureaux de vote (Genève, Lausanne, Neuchâtel, Berne et Zurich).

La découverte de l’urne


Mohamed Hassen entouré des autres membres de son équipe (Ph.Haykel)

En tant qu’observateur accrédité, l’auteur de ces lignes a eu le privilège de découvrir l’urne appelée à contenir les voix des votants à Genève. Il était un peu après 19h00 quand le responsable, Abdeljalil Mansouri du bureau de Genève en compagnie de ses suppléants a ouvert un grand carton contenant les bulletins de vote, un tampon, deux encriers, des stylos Bic, du scotch... La soirée s’est un peu prolongée pour les nombreuses vérifications. Jeudi devait être le grand jour. Tout était enfin en place.

Tout le monde pouvait rentrer dormir avec le beau badge d’observateur, histoire de s’habituer à sa responsabilité !

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