Est-ce à dire que l’Utica s’est largement décrédibilisée, en s’acoquinant avec l’ancien régime, et que la place est libre pour l’avènement d’une organisation patronale new look ?

 

L’homme d’affaires Tarak Chérif doit sans doute le penser. Sinon, il ne se serait pas hasardé à créer une nouvelle organisation patronale, baptisée Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) avec l’ambition affichée de devenir «le partenaire entrepreneurial de référence pour un développement économique et social, équitable et responsable» (pas moins?).

La concurrence a du bon

M. Chérif a certes tenu à préciser que Conect «n’est pas en dissidence ou en opposition avec l’Utica» et qu’elle «sera prête à travailler avec n’importe quelle structure économique et syndicale». Il est peu probable, cependant, que son initiative sera perçue ainsi par les apparatchiks du patronat tunisien, trop légalistes et trop conservateurs sur les bords. Quoique… Sait-on jamais ? Avec le nombre de dissidents que compte aujourd’hui la vieille organisation patronale, on peut parier que les entrepreneurs vont se bousculer bientôt au portillon de Conect. Et ce ne serait pas une très mauvaise chose pour le pays qui a longtemps souffert, et continue de souffrir aujourd’hui des situations de monopole et des rentes de situation. Le pluralisme, qui fait bouger les lignes et bousculent les intérêts les mieux assis, ne peut qu’aider à faire avancer la transition démocratique dans le pays.


Tarek Cherif annonce la création de Conect-Photo Tap

Quoi qu’il en soit, la nouvelle centrale fondée par cet ancien membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), et ex-président de la fédération nationale de la chimie au sein de celle-ci, se donne pour mission de rassembler les petites, moyennes et grandes entreprises publiques, privées et étrangères installées en Tunisie et soumises au régime fiscal réel. Elle se promet de promouvoir l’image de marque de ses entreprises membres, en leur offrant de meilleures opportunités sur les plans national et international.

Développer les valeurs citoyennes au sein des entreprises

Conect, qui ne compte pas encore d’adhérents, se donne aussi pour objectif «de répondre aux attentes des chefs d’entreprises sur le plan économique, social et fiscal», de veiller à «la mise en valeur des atouts et des spécificités des secteurs et des régions» et d’introduire «une nouvelle dynamique dans la promotion du partenariat régional et international, en vue de promouvoir l’investissement et assurer un développement sectoriel et régional équilibré».


Tarek Cherif

Lors de sa première conférence de presse en tant que président fondateur de Conect, tenue mercredi, à Tunis, M. Cherid a affirmé que son organisation «s’attèle à fonder les valeurs de la citoyenneté auprès des entreprises tunisiennes, en les incitant à payer les impôts, à adopter une bonne gouvernance, à respecter les normes environnementales et à se soucier d’améliorer le sort de travailleurs (salaire et productivité)». Mais aussi, selon Karim Garnaoui, membre fondateur de l’organisation, cité par l’agence Tap, «de rénover le tissu économique du pays afin de solutionner le problème du chômage et d’améliorer le niveau de vie du citoyen».

Selon Douja Gharbi, sa vice-présidente, Conect s’est dotée d’un plan d’action à court terme, qui comprend déjà l’organisation d’un «Business Forum diaspora», qui se tiendra les 28 et 29 septembre courant à Tunis, dans le but de développer des partenariats entre les meilleures start-up méditerranéennes, les investisseurs et plusieurs réseaux d’accompagnement au Maghreb.

Au programme, également, l’organisation d’une visite d’affaires du 3 au 5 octobre, en Tunisie, d’une trentaine d’hommes d’affaires turcs opérant, essentiellement, dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile et du bâtiment.

La Conect projette de tenir son premier congrès national au cours du premier trimestre 2012. D’ici là, les fondateurs vont devoir regrouper les structures sectorielles et régionales de la nouvelle organisation.

Imed Bahri (avec Tap)