Plusieurs dizaines de femmes tunisiennes ont manifesté lundi matin place de la Kasbah à Tunis pour réclamer l’égalité totale en matière héritage.


Selon l’agence Afp, la manifestation, organisée à l’initiative de l'association ''Egalité Parité'', avec le soutien de nombreuses autres associations féminines, appelle aussi à la levée de toutes les réserves à la Convention internationale pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), y compris celle relative à l'héritage.
Le choix du jour et du lieu ne sont pas fortuits, puisque le gouvernement devait revoir, ce lundi, la position de la Tunisie sur la Cedaw, à laquelle le régime de Ben Ali avait opposé des réserves.
«Non à la discrimination», «égalité dans l’héritage», «Pas de dignité sans égalité», lit-on sur les banderoles. Un texte rédigé au sein de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) regroupant un collectif d'associations (Atfd, Afturd, Ltdh, Fidh, Amnesty International, Egalité et Parité), a été transmis au Premier ministère pour marquer le début de la campagne à cet effet...
«Nous sommes là pour la levée totale des réserves émises par la Tunisie notamment en matière d’égalité dans l’héritage», a indiqué à l’Afp Fayza Skandrani, présidente de l’association ‘‘Egalité, Parité’’.
«Tant que les femmes ne jouissent pas de l’égalité successorale on ne pourra jamais parler d’égalité et de démocratie, cette discrimination est à l’origine de toutes les inégalités dans notre société», a estimé Noura Chéfi.
Dans un communiqué distribué sur place, le Front des femmes pour l’égalité a appelé le gouvernement provisoire «à s’inscrire clairement contre toutes les formes de discrimination fondées sur le genre».
«Dans le contexte unique que vit aujourd’hui la Tunisie les femmes aspirent à participer à la construction de la démocratie, ainsi qu’au développement de leur pays en tant que citoyennes à part entière», ajoute le communiqué.
La Tunisie dispose d’une législation avancée en matière d’émancipation des femmes, édictée en 1957 par le premier président Habib Bourguiba. Ces lois abolissant notamment la polygamie sont encore d’avant-garde dans le monde arabo-musulman, mais n’ont pas touché à la loi islamique en matière d’héritage, selon laquelle les femmes héritent de la moitié de ce qui revient aux hommes.
''Egalité Parité'', l’Atfd et les autres associations féminines, qui ont fait de l’égalité dans ce domaine leur cheval de bataille ces dernières années, craignent que la montée des islamistes se traduise par un recul des acquis de la femme dans le pays.