Sigma Conseil a publié il y a une semaine son «baromètre politique du mois de juin 2011», qui a porté sur «le climat politique en Tunisie» et les «intentions de vote des Tunisiens de leur représentants à l’assemblée constituante».


Hassen Zargouni, aime accompagner les résultats des sondages, que réalise son cabinet Sigma Conseil, par cette formule que ne renierait aucun statisticien: «Tout ce qui ne se mesure pas n’existe pas». Les tendances politiques en Tunisie et l’état de l’opinion dans notre pays ne devraient pas échapper à cette règle. Cependant, et il y a un bémol, car on reste perplexe face aux sondages politiques que réalisent depuis plusieurs mois Sigma Conseil et d’autres bureaux similaires, dont certains étaient jusque là complètement inconnus.
Que penser de ces sondages qui commencent à polluer notre vie politique déjà moyennement pourrie. Que valent-t-ils sur le plan méthodologique? Quel crédit donner à leurs résultats? Sauf à croire sur parole ceux qui les «réalisent» (et je mets ce verbe entre guillemets), on doit prendre ces résultats avec beaucoup de réserve.

Du marketing des marques à l’analyse des tendances politiques
Que les sondeurs nous pardonnent nous pardonnent: ce qu’ils nous présentent  comme les résultats de sondages d’opinion ne doivent pas nous influencer et encore moins nous berner.
Ces sondages, il faut les prendre comme ils sont (et comme le dit si bien le proverbe tunisien), à savoir «al-hjama fi rous al-yatama» (littéralement: «apprentissage de la coiffure sur la tête des orphelins»). Car ils sont «réalisés» par des cabinets qui ont poussé comme des champignons au lendemain de la révolution, passant sans transition des études de marketing des marques de yaourt et de chocolat à l’analyse des tendances politiques. Ce qui n’est pas exactement la même chose…



Soyons sérieux et responsables et posons-nous cette question: quelle expertise en matière de sondage politique ont les cabinets de sondage tunisiens? Qui sont les politologues engagés par ces cabinets pour procéder au choix des sujets, à l’établissement des questionnaires et à l’analyse des résultats? Nous aimerions bien les connaître ces politologues, si tant est qu’ils existent – et nous avons de forts doutes là-dessus – et, surtout, nous aimerions découvrir leurs références dans ce domaine.

Le nécessaire audit des méthodes utilisées
J’avoue ne pas avoir personnellement l’expertise nécessaire pour juger de l’efficience – ou de la déficience – des méthodes utilisées dans les sondages effectués par les cabinets tunisiens, des conditions dans lesquelles ils sont effectués et de la valeur des grilles d’analyse qui y sont appliqués. Mais je voudrai bien que l’Instance supérieure indépendante des élections, présidée par Kamel Jendoubi, se penche sur cette question et étudie les moyens de faire auditer les méthodes utilisées. Les résultats de cet audit pourrait aider l’instance à décider de l’utilité des sondages en cette période qui nous sépare de l’élection de l’Assemblée constituante, fixée au 23 octobre, ou de la nécessité de les interdire, afin d’éviter qu’ils ne contribuent aux manips orchestrées, depuis quelque temps, par les partis, les lobbies et tous ces «gouvernements de l’ombre» dont on ne nous a pas encore démontré… l’inexistence.

Imed Bahri

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Que valent les sondages politiques en Tunisie ?

Sigma Conseil a publié il y a une semaine son «baromètre politique du mois de juin 2011», qui a porté sur «le climat politique en Tunisie» et les «intentions de vote des Tunisiens de leur représentants à l’assemblée constituante».

Hassen Zargoun, aime accompagner les résultats des sondages, que réalise son cabinet Sigma Conseil, par cette formule que ne renierait aucun statisticien: «Tout ce qui ne se mesure pas n’existe pas». Les tendances politiques en Tunisie et l’état de l’opinion dans notre pays ne devraient pas échapper à cette règle. Cependant, et il y a un bémol, car on reste perplexe face aux sondages politiques que réalisent depuis plusieurs mois Sigma Conseil et d’autres bureaux similaires, dont certains étaient jusque là complètement inconnus.

Que penser de ces sondages qui commencent à polluer notre vie politique déjà moyennement pourrie. Que valent-t-ils sur le plan méthodologique? Quel crédit donner à leurs résultats? Sauf à croire sur parole ceux qui les «réalisent» (et je mets ce verbe entre guillemets), on doit prendre ces résultats avec beaucoup de réserve.

Du marketing des marques à l’analyse des tendances politiques

Que les sondeurs nous pardonnent nous pardonnent: ce qu’ils nous présentent  comme les résultats de sondages d’opinion ne doivent pas nous influencer et encore moins nous berner.

Ces sondages, il faut les prendre comme ils sont (et comme le dit si bien le proverbe tunisien), à savoir «al-hjama fi rous al-yatama» (littéralement: «apprentissage de la coiffure sur la tête des orphelins»). Car ils sont «réalisés» par des cabinets qui ont poussé comme des champignons au lendemain de la révolution, passant sans transition des études de marketing des marques de yaourt et de chocolat à l’analyse des tendances politiques. Ce qui n’est pas exactement la même chose…

Soyons sérieux et responsables et posons-nous cette question: quelle expertise en matière de sondage politique ont les cabinets de sondage tunisiens? Qui sont les politologues engagés par ces cabinets pour procéder au choix des sujets, à l’établissement des questionnaires et à l’analyse des résultats? Nous aimerions bien les connaître ces politologues, si tant est qu’ils existent – et nous avons de forts doutes là-dessus – et, surtout, nous aimerions découvrir leurs références dans ce domaine.

Le nécessaire audit des méthodes utilisées

J’avoue ne pas avoir personnellement l’expertise nécessaire pour juger de l’efficience – ou de la déficience – des méthodes utilisées dans les sondages effectués par les cabinets tunisiens, des conditions dans lesquelles ils sont effectués et de la valeur des grilles d’analyse qui y sont appliqués. Mais je voudrai bien que l’Instance supérieure indépendante des élections, présidée par Kamel Jendoubi, se penche sur cette question et étudie les moyens de faire auditer les méthodes utilisées. Les résultats de cet audit pourrait aider l’instance à décider de l’utilité des sondages en cette période qui nous sépare de l’élection de l’Assemblée constituante, fixée au 23 octobre, ou de la nécessité de les interdire, afin d’éviter qu’ils ne contribuent aux manips orchestrées, depuis quelque temps, par les partis, les lobbies et tous ces «gouvernements de l’ombre» dont on ne nous a pas encore démontré… l’inexistence.

Imed Bahri