On en sait un peu plus sur les responsables de l’ancien régime qui seront interdits de candidature à l’élection de l’assemblée constituante, le 24 juillet prochain.


Le Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi a annoncé aujourd’hui que la contre-proposition du gouvernement provisoire concernant le projet du décret-loi relatif à l’élection de l’assemblée nationale constituante consiste à interdire la candidature à cette élection aux personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd), l’ex-parti au pouvoir dissous, durant les dix dernières années, et non les 23 années du règne de l’ex-président comme prévu. Car cela reviendrait à mettre hors circuit près de la moitié du peuple tunisien, a-t-il dit. Et d’ajouter que la contre-proposition va dans le sens de l’esprit tunisien fondé sur la modération, la tolérance et le juste milieu. D’autant, a-t-il dit, que de nombreux responsables ont été réprimés par le régime de Ben Ali et que d’autres connus pour leur militantisme pour la défense des droits de l’homme mais qui ont assumé des fonctions au début de l’ère Ben Ali en seraient injustement affectés.

M. Caïd Essebsi, qui s’exprimait, mardi, au palais du Gouvernement à la Kasbah, au cours d’un point de presse, a ajouté que le gouvernement transitoire propose à la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique d’exclure aussi de l’élection de l’assemblée constituante les membres et les attachés du cabinet du président déchu ainsi que ses conseillers et tous ceux qui ont participé à la prise des décisions dans la sphère présidentielle.

Tout en espérant que l’amendement présenté par son gouvernement, «qui n’a rien à voir avec Ben Ali ni avec le Rcd, et qui n’a d’autre objectif que de servir l’intérêt général», serait finalement accepté par la Haute instance, le Premier ministre a promis qu’une liste des personnes concernées par cette interdiction de candidature sera rendue publique bientôt via un décret-loi signé par le président par intérim.

Le principe de la parité maintenu

Le Premier ministre, souvenons-nous, avait émis des réserves sur le principe de la parité hommes-femmes dans les listes électorales de l’assemblée nationale constituante, institué par l’article 16 du projet de décret-loi adopté le 11 avril par la Haute instance. Estimant que toutes les régions ne seront pas aptes à respecter cette condition, ce qui amènerait l’annulation de plusieurs listes, M. Caïd Essebsi avait même proposé, dans on allocution devant la première conférence des gouverneurs, le 16 avril, l’adoption du principe de la parité au taux de 30% au moins. Le Premier ministre semble avoir abandonné ses réserves, puisqu’il a confirmé l’attachement de son gouvernement à ce principe qui met les hommes et les femmes «à même pied d’égalité», ce qui constitue «une première dans l’histoire des élections en Tunisie», a-t-il souligné.

Qu’est-ce qui a changé entre-temps? La mobilisation des forces progressistes pour la défense de ce principe l’a-t-elle convaincu, ainsi que les membres de son gouvernement, de la nécessité de ne pas le remettre en question, au risque de provoquer un grand mécontentement chez certaines catégories de la population éprises de progrès et de modernité et, surtout, soucieuses de blinder les acquis des femmes face aux tentations de retour en arrière?

Le Premier ministre a rappelé, par ailleurs, que les membres du gouvernement provisoire et le président par intérim se sont engagés à ne pas se porter candidats à l’élection de l’assemblée constituante, comme cela avait été souligné dans le décret-loi organisant les pouvoirs provisoires. «C’est une chance d’avoir un gouvernement qui sait quand il va partir, alors qu’auparavant on se préparait dès 2009 à rempiler en 2014», a-t-il dit, faisant allusion à l’ancien président.

Selon M. Caïd Rssebsi, l’élection aura lieu le 24 juillet. Le gouvernement est attaché au respect de cette date, qui semble raisonnable. «S’il existe des parties qui demandent son report, cela n’engage nullement le gouvernement», a-t-il dit. Il faisait allusion, entre autres, à Hamma Hammami, porte-parole du Parti ouvrier communiste tunisien (Poct), qui appelle pour ce report, afin, dit-il, de laisser le temps aux partis de bien se préparer à ce premier grand rendez-vous démocratique tunisien.

Z. A.