Après des années de rude lutte en Europe, avec assez de réussite, le combat contre des tortionnaires de Ben Ali est annoncé en Tunisie. L'ancien ministre de l'Intérieur Abdallah Kallel se trouve en haut de la liste.


L’Association des victimes de torture en Tunisie (Avtt), dont le siège est à Genève, vient d’annoncer à Tunis avoir saisi Me Mongi Elfeki, avocat à la Cour de cassation de Tunis, pour le dépôt d’une plainte pénale «pour lésions corporelles graves, séquestrations, injures, mise en danger de la santé, contraintes et abus d’autorité» à l’encontre de Abdallah Kallel.

Le combat d’Abdennacer Nait-Liman
Ancien ministre de l’intérieur du 17 février 1991 au 24 janvier 1995, nommé le 10 octobre 1991 ministre d’Etat, puis plusieurs fois ministre dans différents départements et de nouveau ministre de l’Intérieur du 17 novembre 1999 au 26 janvier 2001, l’Avtt accuse Kallel d’être «le commanditaire des actes de torture perpétrés par et au sein même de son ministère ».
La plainte, déposée le vendredi 25 mars, vient selon Abdennacer Nait-Liman, président de l’Association, «suite à la passivité d’une justice manquant cruellement d’indépendance à l’époque du régime de Ben Ali où les victimes étaient privées de tout accès à la vérité, ainsi qu’à la justice et à des réparations».
Nait-Liman a aussi dit que les Tunisiens et Tunisiennes victimes de «pratiques dégradantes inhumaines considérées comme crimes contre l’humanité» espèrent désormais «avoir accès librement aux tribunaux tunisiens libres et indépendants pour que la justice soit faite et que l’impunité dont bénéficiaient les tortionnaires qui se nourrissaient du silence et de la passivité des organes de la justice par l’ancien pouvoir exécutif soit éradiqués à jamais».

Kallel échappe à la justice suisse
Rappelons qu’en février 2001, alors profitant de la présence d’Abdallah Kallel sur le territoire genevois, Nait-Liman avait déposé une plainte pénale contre ce dernier pour «lésions corporelles graves». Kallel, arrivé en Suisse pour subir une opération à cœur ouvert dans une clinique genevoise, parvient toutefois à quitter la Suisse juste avant que la justice genevoise s’intéresse à son cas.
En juillet 2004, soutenu par l’Ong suisse Track Impunity Always (Trial), Nait-Liman introduit à Genève une action en justice visant à obtenir de Kallel et de la Tunisie «la réparation du dommage subi en raison des tortures infligées».
En décembre 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a communiqué le dossier aux autorités suisses, leur demandant de répondre aux griefs formulés par le plaignant et ses représentants.
Un dossier de plus contre l’un des faucons de Ben Ali et une nouvelle épreuve de l’honnêteté et de l’intégrité de la justice de la nouvelle Tunisie.

Mourad Teyeb

Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE MicrosoftInternetExplorer4

Tunisie. Abdallah Kallel poursuivi de Genève à Tunis

Après des années de rude lutte en Europe, avec assez de réussite, le combat contre des tortionnaires de Ben Ali est annoncé en Tunisie. Abdallah Kallel en haut de la liste.

L’Association des victimes de torture en Tunisie (Avtt), dont le siège est à Genève, vient d’annoncer à Tunis avoir saisi Me Mongi Elfeki, avocat à la Cour de cassation de Tunis, pour le dépôt d’une plainte pénale «pour lésions corporelles graves, séquestrations, injures, mise en danger de la santé, contraintes et abus d’autorité» à l’encontre de Abdallah Kallel.

Le combat d’Abdennacer Nait-Liman

Ancien ministre de l’intérieur du 17 février 1991 au 24 janvier 1995, nommé le 10 octobre 1991 ministre d’Etat, puis plusieurs fois ministre dans différents départements et de nouveau ministre de l’Intérieur du 17 novembre 1999 au 26 janvier 2001, l’Avtt accuse Kallel d’être «le commanditaire des actes de torture perpétrés par et au sein même de son ministère ».

La plainte, déposée le vendredi 25 mars, vient selon Abdennacer Nait-Liman, président de l’Association, «suite à la passivité d’une justice manquant cruellement d’indépendance à l’époque du régime de Ben Ali où les victimes étaient privées de tout accès à la vérité, ainsi qu’à la justice et à des réparations».

Nait-Liman a aussi dit que les Tunisiens et Tunisiennes victimes de «pratiques dégradantes inhumaines considérées comme crimes contre l’humanité» espèrent désormais «avoir accès librement aux tribunaux tunisiens libres et indépendants pour que la justice soit faite et que l’impunité dont bénéficiaient les tortionnaires qui se nourrissaient du silence et de la passivité des organes de la justice par l’ancien pouvoir exécutif soit éradiqués à jamais».

Kallel échappe à la justice suisse

Rappelons qu’en février 2001, alors profitant de la présence d’Abdallah Kallel sur le territoire genevois, Nait-Liman avait déposé une plainte pénale contre ce dernier pour «lésions corporelles graves». Kallel, arrivé en Suisse pour subir une opération à cœur ouvert dans une clinique genevoise, parvient toutefois à quitter la Suisse juste avant que la justice genevoise s’intéresse à son cas.
En juillet 2004, soutenu par l’Ong suisse Track Impunity Always (Trial), Nait-Liman introduit à Genève une action en justice visant à obtenir de Kallel et de la Tunisie «la réparation du dommage subi en raison des tortures infligées».

En décembre 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a communiqué le dossier aux autorités suisses, leur demandant de répondre aux griefs formulés par le plaignant et ses représentants.

Un dossier de plus contre l’un des faucons de Ben Ali et une nouvelle épreuve de l’honnêteté et de l’intégrité de la justice de la nouvelle Tunisie.

Mourad Teyeb