Un ancien député socialiste suisse, membre influent de son parti, section Genève, Christian Brunier, propose de dédier une rue dans la cité de Calvin à Mohamed Bouazizi.
Haykel Ezzeddine, Genève


Un éventuel Prix Nobel de la Paix, un film retraçant sa vie, une place en son nom à Paris: Mohamed Bouazizi, héros des temps modernes, continue de susciter les bonnes actions. Son geste désespéré, dont les échos ont fait le tour du monde, lui vaut une consécration hélas posthume.

 

Bouazizi contre WikiLeaks!
Depuis son auto-immolation par le feu, le 17 décembre dernier, le martyr Mohamed Bouazizi rafle tous les honneurs... à titre posthume. On a proposé son nom pour le titre suprême du Prix Nobel de la Paix, mais faute de vrais sponsors sérieux et de lobbyistes de poids, le projet pourrait-il aboutir? Il y a de forte chance cependant que notre Bouazizi national figure parmi les 241 nominés de l’actuelle édition. Quelle chance aurait-il face à WikiLeaks et son gérant Julian Assange, la grande révélation de l’année 2010? Le mystère est mince. Qui ne connaît pas WikiLeaks? Qui connaît Mohamed Bouazizi et son sacrifice? C’est à l’aune de cette épreuve de reconnaissance que va se jouer le prix Nobel de la Paix 2011. Vu que le précédent gagnant est un dissident chinois, il y a de forte chance que le Tunisien par l’impulsion qu’il a donné par son acte désespéré et héroïque à la révolution tunisienne, puisse être récompensé à titre posthume.
Le cinéma s’intéresse également à Bouazizi. Et le producteur international Tarek Ben Ammar a exprimé son désir de porter à l’écran la vie du déclencheur de la révolution tunisienne. Il l’a promis et on ne peut que lui faire confiance.

Le geste désespéré qui a créé l’espoir
Troisième acte symbolique à la portée helvétique. L’ancien député socialiste et membre influent de son parti, section Genève, Christian Brunier, propose de dédier une rue dans la cité de Calvin à Mohamed Bouazizi pour souligner «le réveil de la rue tunisienne» et surtout récompenser «le geste désespéré qui a éveillé les consciences et créé l’espoir, ouvrant la voie à l’émancipation des peuples arabes».
Dans son blog qui porte son nom sur la plateforme de ‘‘La Tribune de Genève’’,  Brunier écrit: «Genève, Cité de la paix et des droits humains, doit rendre hommage à ce symbole de démocratie. Une rue, une place ou un pont de notre canton doit être baptisé Mohamed Bouazizi pour que Genève soit à la hauteur de sa réputation. Notre ville internationale doit rester un label de la défense des libertés.»
Quelle chance aurait pour Bouazizi de voir son nom immortalisé à Genève? Une chance sur mille comme diraient les parieurs! Dans une ville où l’extrême droite gagne de plus en plus de terrain lors de chaque élection il est fort à parier que le souhait du socialiste Brunier reste lettre morte. Mais déjà proposer le nom de Mohamed Bouazizi pour un tel honneur, fut-il posthume, est un geste qui ne passe pas inaperçu chez les Tunisiens de Genève en cette période électorale!