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Al Majd, qui vient d’être autorisé la semaine dernière, a présenté, dimanche à Tunis, son programme. Rationnel et tourné vers l’avenir, selon son fondateur et secrétaire général Abdelwahab El Hani.


Pour un premier rendez-vous, la présence était plutôt moyenne. Pour ne pas dire faible. Il faut dire que ce jour-là, il a faisait beau, qui plus est, un dimanche et coïncidant avec un week-end prolongé en raison de la fête de l’Indépendance suivie de celle des Jeunes.
Adel Zarrouk, un des neuf membres présents, a mis le rassemblement de la journée dans son cadre. Avec beaucoup d’émotion et d’optimisme, il n’oublie pas d’évoquer les périodes difficiles vécues sous le règne de Ben Ali.

Non au culte de la personne
«Il y a seulement quatre ou cinq mois, nous, Tunisiens, ne pouvions même pas nous réunir de la sorte. Surtout dans cet espace qui a été longuement réservé aux rencontres de la famille Ben Ali. Aujourd’hui, j’ai 47 ans et je ne me suis jamais senti aussi libre. Notre pays doit être démocratique, un Etat de droit et d’institutions», a lancé l’orateur. Avant d’enchaîner, en goûtant à la solennité du moment: «Je crois que vous êtes tous venus pour partager les idées d’Abdelwahab El Hani ; et non pour la personne d’El Hani. Je dis: non au culte de la personnalité. Ceci est révolu. C’est de l’histoire ancienne. La Tunisie doit avoir ses partis, ses institutions. Notre pays doit être pluriel, avec plusieurs partis, plusieurs tendances. Un parti, ce n’est pas aussi un homme qui se succède à lui-même, mais qui s’inscrit dans la continuité grâce à des hommes qui se succèdent et qui prennent la relève quand ils se distinguent. Nous ne voulons plus voir une même personne siéger dans le pays pendant une vingtaine d’années et plus. Nous le refusons…».

Tout un peuple contre un régime
Abdelawahab El Hani, la star du jour, a entamé sa prestation en entonnant l’hymne national, répété en chœur par tous les présents. Un mot à la mémoire des martyrs de la révolution, un grand merci à leurs mères, à tous les jeunes, au peuple de la Tunisie du nord au sud et d’est en ouest qui s’est soulevée contre son tortionnaire.

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Abdelwaheb Hani entonnant l'hymne national.

«Ce n’est pas nouveau en Tunisie. A chaque fois où le peuple se sent opprimé, au final il ne se laisse pas faire. C’est écrit dans l’histoire. D’ailleurs, notre penseur Mahmoud Massaâdi l’a toujours dit et écrit. La Tunisie s’est révoltée contre le protectorat français, puis contre le régime beylical. Nous, Tunisiens, avons toujours donné l’exemple dans la région méditerranéenne. Les Tunisiens, qui se sont sentis en danger, se sont révoltés pour mettre fin à l’oppression. Ils étaient tous contre un. Tous contre la mafia, qui protégeait ses propres intérêts et qui est partie. D’autres de même clan sont toujours là. Oui toujours là!», a-t-il dit devant les quelques 300 ou 400 personnes, qui n’ont rempli même pas la moitié de l’immense salle du Palais des congrès de l’avenue Mohamed V.
«Aujourd’hui, il s’agit d’un grand jour. C’est celui de l’indépendance de la Tunisie. C’est la première fête nationale célébrée après la révolution. D’ailleurs, le gouvernement de transition l’a zappée. Comme si cette fête n’intéressait personne. Et ce ministre de la Jeunesse qui a programmé en ce jour de gloire de grands matches! Comment a-t-il oublié un rendez-vous de l’histoire tunisienne avec tout ce qu’il comporte de symboles?», a-t-il ajouté. Comme s’il voulait aussi à justifier le nombre réduit de ses auditeurs.

Une force tranquille
Pour El Hani, le plus important réside, en fait, dans son discours. «Le moment n’est pas pour revenir en arrière et pleurnicher sur le passé. Chacun de nous a milité. Chacun de son côté et à sa manière. Le plus important, c’est demain.  Comment allons-nous forger l’avenir. Nous n’avons pas par hasard choisi le mot El Majd (gloire). A notre sens, le mot est fort et symbolique. Il est lié à l’histoire qui nous appartient et qui n’appartient pas à Ben Ali. Le président déchu, c’est le passé et nous sommes tous appelés à ne pas trop regarder ce passé. Car nous risquons d’aller au mur. Mais de regarder le futur et d’aller de l’avant. Avec force et raison. Rien ne vaut la force tranquille pour avancer… pour avoir de la notoriété, celle de la République», a dit le secrétaire général d’El Majd. Il était entouré notamment de Wided Ben Haj Slama, Soumaya Feki, Yassine Ayachi,  Ridha Abid, Alaeddine Saïdi, Adel Zarrouk, Ezzeddine El Hani, et autres membres du mouvement.
Après le discours d’El Hani, place au programme. Sur le papier, c’est du solide. Mais le plus gros reste à faire. Une bonne campagne pour trouver des adhérents. Pas facile! Le temps qui nous sépare de l’élection de l’Assemblée constituante est très court. Et puis, la Tunisie post-Ben Ali compte déjà plus de 40 partis. Il va falloir cravacher dur pour se voir et entendre.

Zohra Abid