Le ministère de l’Intérieur a annoncé samedi avoir refusé de légaliser cinq formations politiques, dont le parti islamiste radical Hizb Ettahrir et deux autres partis religieux. Faut-il s’en plaindre ou s'en féliciter?


Le Hizb Ettahrir (Libération), le parti Assalam (Paix) et le Parti sunnite tunisien ainsi que le Parti libre, populaire et démocratique et le Parti démocratique libéral tunisien ont essuyé un refus pour avoir contrevenu aux dispositions de la loi sur les partis de 1988, précise dans un communiqué le ministère de l’Intérieur.

Refus de légaliser les partis islamistes radicaux
Ettahrir, Assalam et le Parti sunnite tunisien sont des groupes religieux alors que la loi sur les partis interdit les formations politiques fondées sur des considérations religieuses, ethniques, régionales ou de sexe, a indiqué à l’Afp un responsable du ministère de l’Intérieur. Les partis doivent en outre s’engager à bannir toute forme de violence, de fanatisme et de discrimination.
Le Hizb Ettahrir, qui avait demandé sa légalisation lundi, veut instaurer en Tunisie un régime basé sur la charia par les moyens politiques mais, s’il le faut, par «la rébellion ou la désobéissance civile», avait déclaré jeudi son porte-parole, Ridha Belhadj. «L’islam représente la solution» pour la Tunisie d’aujourd'hui, a-t-il encore plaidé, en prônant l’instauration d’un régime fondé sur la charia (la loi islamique) et en laissant entendre qu’il était hostile à l’égalité entre l’homme et la femme.
Ce parti est la branche tunisienne d’une nébuleuse du même nom fondée en 1953 au Moyen-Orient par une tendance extrémiste au sein de la mouvance des Frères musulmans égyptiens et interdite dans les pays arabes.
Les deux autres formations n’ont pas été légalisées car elles n’ont pas rempli, dans leurs demandes, certains critères prévus par la loi sur les partis, a ajouté le responsable de l’Intérieur.

Foisonnement de partis en perspectives des élections du 24 juillet
Il s’agit des premiers partis à se voir refuser l’autorisation dans la Tunisie post-Ben Ali, marquée par une profusion de formations politiques, en majorité de création récente, dans la perspective de l’élection le 24 juillet d’une Assemblée nationale constituante.
Un autre groupe islamiste tunisien, Ennahdha, a été légalisé le 1er mars, 30 ans après sa fondation en 1981 par Rached Ghannouchi avec des intellectuels inspirés par les Frères musulmans égyptiens.
Dans un communiqué, le ministère a indiqué en revanche avoir donné son vert à trois nouveaux partis, portant à 34 le nombre des groupes politiques légaux en Tunisie, dont 26 partis ont obtenu l’autorisation depuis la chute et la fuite en Arabie saoudite de l’ex-président Ben Ali, le 14 janvier.
Depuis la chute de Ben Ali, «plus de 70 nouveaux partis ont déposé des demandes de légalisation» et «à ce jour 26 d’entre eux ont obtenu une réponse favorable», a encore indiqué le responsable de l’Intérieur à l’Afp.
D’autres groupes sont en gestation, dont au moins un parti conduit par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjane, un ex-responsable du parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd), dissous, mercredi, par un jugement de tribunal à la demande du ministère de l’intérieur.

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