boillon
Décidément, la Tunisie réussit mal aux hommes politiques français. Y compris les jeunes loups du sarkozysme, tel le nouvel ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, qui a entamé sa mission par… une savonnade à deux consœurs.


Arrivé mercredi à Tunis, Boris Boillon, le nouvel ambassadeur de France en Tunisie, a multiplié les apparitions médiatiques, alternant le français et l’arabe, une langue qu’il maîtrise bien, et dont il aime abuser.
M. Boillon a donné des interviews à la chaîne tunisienne Nessma Tv et française France 24. Il est aussi intervenu, dans la soirée, dans un talkshow politique de la  chaîne d’information française, en présence de plusieurs figures politiques, notamment Néjib Chebbi, ministre du Développement régional, Mustapha Ben Jaâfar, dirigeant du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) et Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahdha.
En milieu de journée, l’ambassadeur avait invité un groupe de journalistes à un déjeuner à la résidence de France, à La Marsa.

«Des sujets débiles»
Tout allait bien, et l’arabe de son excellence faisait sensation, jusqu’à ce qu’une journaliste, décidément très indélicate, lui a posé une question sur l’affaire Michèle Alliot-Marie. Trop, c’est trop. M. Boillon est monté sur ses grands chevaux: «N’essayez pas de me faire tomber sur des sujets débiles. Je ne suis pas prêt à me mettre dans des situations comme ça», a-t-il répliqué à notre consœur. Qui a eu droit à une volée de bois vert: «Franchement, franchement… Vous croyez que je suis de ce niveau là? Vous croyez que je suis dans la petite phrase?», a poursuivi l’ambassadeur. Qui, à l’évidence, a une haute idée de sa personne. «Moi je suis là pour exposer une philosophie» (pas moins !), lance-t-il à la pauvre consœur qui n’en croyait pas ses oreilles. «Je ne suis pas là pour me mettre dans des citations: il a dit ça, il a dit ça… Moi, je suis pour le contrat de confiance entre nous… Moi, honnêtement, je suis là pour vous ouvrir mon cœur. Je suis prêt à vous ouvrir mes livres… A partir du moment où on a entre nous une relation responsable.» Du Sarko dans le texte…



«Débile», «niveau», «petite phrase»: les confrères et les consœurs en ont eu pour leur grade. Certains ont avalé de travers… D’autres ont perdu l’appétit. Mais passons, l’hospitalité française a des trésors d’ingéniosité. Le dessert a calmé les nerfs…

«C’est lamentable !»
Sauf qu’à peine le déjeuner terminé, une autre consœur a voulu interviewer son excellence. Elle a commis, elle aussi, l’irréparable en lui posant une question sur son jeune âge, qui pourrait inspirer, selon ses mots, quelque inquiétude aux Tunisiens. Trop, c’est trop. «Laissez-moi débuter ma mission. Je suis un ambassadeur. Respectez-moi. Stop, c’est fini… C’est lamentable ! C'est nul !», a lancé M. Boillon à notre consœur qui s’est contentée de balbutier en direction du diplomate qui s’éloignait en fulminant: «Merci tout de même».
«Décidément, ces Tunisiennes sont toutes des débiles» (c’est nous qui traduisons).
Qui aurait cru une fin de déjeuner aussi agitée? Pourtant, quelques minutes auparavant, l’ambassadeur disait aux journalistes conviés à sa table: «On est vraiment ici pour ouvrir une nouvelle page. Cela implique un autre style et une autre démarche ».
Pour le style comme pour la démarche, les Tunisiens, qui n’ont pas encore digéré les ratés de la diplomatie française concernant leur pays, sont servis.

Ridha Kéfi

PS. L’auteur n’a pas assisté au déjeuner de l’ambassadeur auquel il n’était pas convié. Les scènes ici décrites ont été vues sur une vidéo circulant sur Facebook, accompagnée de commentaires peu avenants sur la France, sa diplomatie, ses diplomates "néo-coloniaux"… 

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Tunisie-France. M. Boillon au bord de la crise de nerfs

Décidément, la Tunisie réussit mal aux hommes politiques français. Y compris les jeunes loups du sarkozysme, tel le nouvel ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, qui a entamé sa mission par… une savonnade à deux consœurs.

Arrivé mercredi à Tunis, Boris Boillon, le nouvel ambassadeur de France en Tunisie, a multiplié les apparitions médiatiques, alternant le français et l’arabe, une langue qu’il maîtrise bien, et dont il aime abuser.

M. Boillon a donné des interviews à la chaîne tunisienne Nessma Tv et française France 24. Il est aussi intervenu, dans la soirée, dans un talkshow politique de la  chaîne d’information française, en présence de plusieurs figures politiques, notamment Néjib Chebbi, ministre du Développement régional, Mustapha Ben Jaâfar, dirigeant du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) et Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahdha.

En milieu de journée, l’ambassadeur avait invité un groupe de journalistes à un déjeuner à la résidence de France, à La Marsa.

«Des sujets débiles»

Tout allait bien, et l’arabe de son excellence faisait sensation, jusqu’à ce qu’une journaliste, décidément très indélicate, lui a posé une question sur l’affaire Michèle Alliot-Marie. Trop, c’est trop. M. Boillon est monté sur ses grands chevaux: «N’essayez pas de me faire tomber sur des sujets débiles. Je ne suis pas prêt à me mettre dans des situations comme ça», a-t-il répliqué à notre consœur. Qui a eu droit à une volée de bois vert: «Franchement, franchement… Vous croyez que je suis de ce niveau là? Vous croyez que je suis dans la petite phrase?», a poursuivi l’ambassadeur. Qui, à l’évidence, a une haute idée de sa personne. «Moi je suis là pour exposer une philosophie» (pas moins !), lance-t-il à la pauvre consœur qui n’en croyait pas ses oreilles. «Je ne suis pas là pour me mettre dans des citations: il a dit ça, il a dit ça… Moi, je suis pour le contrat de confiance entre nous… Moi, honnêtement, je suis là pour vous ouvrir mon cœur. Je suis prêt à vous ouvrir mes livres… A partir du moment où on a entre nous une relation responsable.» Du Sarko dans le texte…

«Débile», «niveau», «petite phrase»: les confrères et les consœurs en ont eu pour leur grade. Certains ont avalé de travers… D’autres ont perdu l’appétit. Mais passons, l’hospitalité française a des trésors d’ingéniosité. Le dessert a calmé les nerfs…

«C’est lamentable !»

Sauf qu’à peine le déjeuner terminé, une autre consœur a voulu interviewer son excellence. Elle a commis, elle aussi, l’irréparable en lui posant une question sur son jeune âge, qui pourrait inspirer, selon ses mots, quelque inquiétude chez les Tunisiens. Trop, c’est trop. «Laissez-moi débuter ma mission. Je suis un ambassadeur. Respectez-moi. Stop, c’est fini… C’est lamentable !», a lancé M. Boillon à notre consœur qui s’est contentée de balbutier en direction du diplomate qui s’éloignait en fulminant: «Merci tout de même».

«Décidément, ces Tunisiennes sont toutes des débiles» (c’est nous qui traduisons).

Qui aurait cru une fin de déjeuner aussi agitée? Pourtant, quelques minutes auparavant, l’ambassadeur disait aux journalistes conviés à sa table: «On est vraiment ici pour ouvrir une nouvelle page. Cela implique un autre style et une autre démarche ».

Pour le style comme pour la démarche, les Tunisiens, qui n’ont pas encore digéré les ratés de la diplomatie française concernant leur pays, ont déjà un avant-goût.

Ridha Kéfi

PS. L’auteur n’a pas assisté au déjeuner de l’ambassadeur auquel il n’était pas convié. Les scènes ici décrites ont été vues sur une vidéo circulant sur Facebook, accompagnée de commentaires peu avenants sur la France, sa diplomatie, ses diplomates néo-colonialistes…