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L’ancien secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd), le parti de Ben Ali, multiplie les interventions médiatiques. Qui est cet homme et que cherche-t-il?


Ghariani assure, à qui veut l’entendre, que Ben Ali, le président du Rcd, a instrumentalisé le parti et l’a engagé dans des voies détournées. Il est pourtant l’une des dernières personnalités que le président déchu a reçue, le 12 janvier, deux jours seulement avant sa fuite glorieuse en Arabie saoudite. Cherchez l’erreur…

Un apparatchik habitué aux manœuvres de propagande
Le soir du 13 janvier, Ghariani et ses collaborateurs ont mobilisé les milices du parti qui sont descendues dans les rues pour scander le nom et brandir les portraits fraichement imprimés du dictateur.  Cela s’est passé quelques minutes après le discours où ce dernier a lancé aux Tunisiens: «Je vous ai compris». Ce soir là, Ghariani a mobilisé plus de 500 voitures de location et des milliers de militants du Rcd pour essayer de tromper l’opinion et éteindre la flamme de la révolution qui grondait dans le pays. Simple routine pour cet apparatchik habitué aux manipulations et aux manœuvres de propagande.
Ce que l’on doit savoir à propos de Ghariani c’est que ce natif de Kairouan est un proche du conseiller spécial de l’ex-président Abdelaziz Ben Dhia. Il fait la connaissance avec Sakher El Materi, le gendre de Ben Ali, en Grande-Bretagne, lorsqu’il était ambassadeur dans ce pays. C’est El Materi qui a tous fait pour que Ghariani revienne à Tunis. Il a d’abord été nommé, en 2006, conseiller à la présidence de la république chargé de l’information, à la place d’Abdelwahab Abdallah, avant d’être promu secrétaire général du Rcd pour préparer la campagne électorale de Sakher Materi pour les législatives d’octobre 2009.

Au cœur du réseau de Sakher El Materi
Le fait que le frère même de Ghariani s’est vu attribuer la représentation d’Ennakl, concessionnaire des voitures Audi, Volkswagen et Seat pour la région de Kairouan, via la société Noor Auto Kairouan, est un indicateur assez éloquent de l’imbrication des intérêts politiques et économiques entre Ghariani et El Materi d’un côté, et le Rcd et la société Ennakl de l’autre. De là à parler de concussion, il y a un pas que la commission nationale d’enquête sur la corruption pourrait faire.
Ghariani se positionne aujourd’hui en sauveur du Rcd. En se présentant ainsi en simple cadre d’un parti politique, il cherche à faire oublier sa forte implication  dans le système Ben Ali dont il essaie aujourd’hui de se désolidariser.
Les mauvaises langues vont jusqu’à soupçonner Ghariani d’œuvrer en catimini pour déstabiliser le gouvernement d’union nationale et provoquer des désordres, prélude à un retour au premier plan des Destouriens.
Quoi qu’il en soit, Ghariani, qui se trouve au cœur d’un réseau dédié à la promotion de la carrière politique de Sakher El Materi, ne tardera pas à être écouté dans le cadre des enquêtes diligentées sur les prévarications et la corruption de l’ex-clan au pouvoir.

R. K.