manif tunisie
La lettre d’information ‘‘Maghreb Intelligence’’ a reconstitué le déroulement de la dernière journée de Ben Ali en Tunisie, le vendredi 14 janvier. Extraits…


En cette matinée du vendredi 14 janvier, Ben Ali réunit, dans son palais de Hammamet, le général Ali Sériati, chef de la sécurité présidentielle, Abdelaziz Ben Dhia, porte-parole de la présidence, et Abdelwahab Abdallah, son conseiller politique et allié sans faille du clan Trabelsi.

Le rôle déterminant du tandem Morjane-Ammar
Selon ‘‘Maghreb Intelligence’’, deux hommes ont joué un rôle important pour convaincre Ben Ali de quitter le pays. Ce sont le ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjane, et le général de corps d’armée, chef de l’état-major, Rachid Ammar. «Tous les deux forment un axe solide qui demande au président de partir pour éviter le bain de sang», écrit la lettre confidentielle. Qui ajoute: «Au milieu de l’après-midi, le général Rachid Ammar informe le président Ben Ali que l’armée sera obligée de décréter un couvre feu général et que dans trois heures elle procédera à la fermeture de l’espace aérien.

Le Général Rachid Ammar

Kamel Morjane appuie les propos du général Ammar. Il dit au président que si jamais d’autres victimes civiles venaient à tomber sous les balles de la sécurité, les Américains vont définitivement lâcher le régime et appliquer des sanctions. C’est alors qu’Abdelaziz Ben Dhia intervient et réussit à convaincre le président de ‘‘s’éclipser’’ quelques jours pendant lesquels la Tunisie sombrerait dans le chaos. Plusieurs attentats seraient organisés et imputés aux islamistes. Le RCD organiserait dans la foulée des marches monstres demandant le retour du sauveur. Ben Ali se laisse convaincre. Il pense tout d’abord rester en Tunisie, puis se résigne à la quitter.»

Les pressions de Washington sur Paris
Selon ‘‘Maghreb Intelligence’’, le premier ministre Mohamed Ghannouchi a été «obligé» d’enregistrer un message au peuple tunisien où il annonce que le président Ben Ali renonce temporairement au pouvoir. Récit: «Avec le général Ali Sériati, Abdelaziz Ben Dhia veille sur le déroulement de la cérémonie. Le plan est diabolique. Mais, c’est sans compter sur la détermination du duo Ammar-Morjane.

kamel morjane hilarry Clinton

Dans la soirée, les Américains font pression sur les Français pour qu’ils n’accueillent pas le président déchu, alors que Hilary Clinton appelle le prince Nayef Ben Soltane pour accueillir Ben Ali. Au même moment, une réunion houleuse se déroule à Tunis. Le général Rachid Ammar fait savoir que l’armée garantira le respect de la constitution. Les ténors du RCD en viennent aux mains. Ben Dhia est pris d’un malaise. Abdelwahab Abdallah est mis en résidence surveillée chez lui. Aux premières heures du matin, l’ordre constitutionnel est rétabli sous la pression des deux amis Kamel Morjane et Rachid Ammar. Exit donc Ben Ali. L’empêchement se mue en vacance du pouvoir et le président du parlement Fouad Mebazaa, cardiaque et désintéressé, est proclamé par la Cour constitutionnelle président de la République. Pris de cour, le général Sériati et les sbires de Ben Ali fuient un peu partout. Ils veulent organiser le maquis. Ordre leur a été donné de ‘‘brûler’’ la Tunisie.»

Ci-dessous: M. Kamel Morjane avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.