Les salafistes tunisiens lancent une alerte à l’attentat terroriste

Simple avertissement fondé sur des informations crédibles ou menaces à peine voilées en direction des autorités sécuritaires: les leaders salafistes lancent une alerte à l’attentat terroriste !

Par Imed Bahri

 

Les leaders du mouvement salafiste djihadiste ont annoncé, jeudi, que des actes terroristes seront commis en Tunisie pour être attribués injustement à leur mouvement.

Incendie d’hôtels, explosion, rapts…

Dans une conférence de presse qu’ils ont tenu, jeudi, à la mosquée du campus universitaire d’El-Manar, à l’issue de leur rencontre avec le président de la république provisoire Moncef Marzouki, les leaders salafistes ont affirmé «détenir des informations selon lesquelles certaines parties seraient en train de planifier des actes violents dans le pays (incendie d’hôtels, explosion, rapts…) pour en faire porter la responsabilité aux salafistes». Khémaies Mejri ajoute: «Nous avertissons l’opinion publique que nous n’avons rien à voir avec tout qui arrivera»!

Imed Ben Salah alias Abou Abdallah Tounsi a agité, pour sa part, le même avertissement: «Nous craignons que des actes criminels ou terroristes soient commis et attribués aux salafistes, afin de justifier une campagne contre notre mouvement et instaurer dans le pays une guerre entre des milices militaires et policières ou autres, ce qui aboutirait à une situation ingérable», a dit le leader salafiste.

S’agit-il là d’un avertissement sincère fondé sur des craintes réelles et des informations vérifiées, et qui viserait à rejeter par anticipation d’éventuelles accusations, ou de… menaces voilées en direction du gouvernement Jebali et, particulièrement, des responsables de la sécurité?

Les jours à venir nous apporteront la réponse. Reste que la vigilance doit rester de mise: celles des autorités sécuritaires, bien sûr, mais aussi de tous les citoyens. Et pour cause: l’actualité nous a apporté plusieurs fois la preuve que les salafistes djihadistes tunisiens  sont bien organisés, qu’ils s’entraînent en Tunisie et en Libye, qu’ils disposent de moyens militaires (l’affaire de Bir Ali Ben Khalifa, près de Sfax, et la découverte ensuite de nombreuses caches d’armes en témoignent) pouvant être utilisés pour semer la terreur dans le pays.

Minimiser la menace terroriste serait une erreur que l’on serait bien inspiré d’éviter, surtout dans le contexte de tension actuel, marqué par une indécision quant à l’évolution de la transition politique dans le pays et un début de confrontation entre les islamistes d’Ennahdha au pouvoir et les salafistes djihadistes, leurs alliés d’hier devenus aujourd’hui leurs irréductibles adversaires.

Les salafistes coupables ou victimes?

Abou Abdallah Tounsi a, d’ailleurs, déploré, dans la même conférence de presse, la «répression du mouvement salafiste depuis l’attaque de l’ambassade américaine en Tunisie par des centaines de personnes qualifiés de salafistes».

Evoquant la situation des personnes arrêtées après cette attaque,  le leader djihadiste a indiqué qu’elles ont été torturées en prison et privées des visites de leurs proches comme de leurs avocats, et même du Coran, «pratique à laquelle même l’ancien président Ben Ali n’a pas recouru dans sa politique répressive du mouvement islamiste.»

«Pas d’impunité pour les salafistes quand ils commettent des actes délictueux. Mais pas d’impunité non plus pour les militaires et les policiers et tous ceux qui commettent des actes délictueux», a ajouté Abou Abdallah Tounsi.

Khemaïes Mejri a parlé pour sa part d’un «projet du gouvernement pour exclure les salafistes», en se demandant: «S’agit-il d’un pacte passé avec les Etats-Unis?», accusant ainsi les islamistes d’Ennahdha d’avoir tourné le dos à leur mouvement pour se rallier à l’incarnation même de Satan sur terre : les Etats-Unis.

Voilà qui promet de chaudes explications entre les frères ennemis…