altLe président d’Ennahdha a profité, hier, des attaques contre l’ambassade des Etats-Unis à Tunis par des éléments salafistes pour écumer les médias et plaider pour… la loi incriminant le sacré.


Plus opportuniste que lui, tu meurs! Rached Ghannouchi a profité des événements douloureux dont Tunis a été le théâtre vendredi après midi pour… faire de la propagande politique pour son parti.

On ne s’attardera pas sur ses justifications à peine déguisées des attaques contre l’ambassade: «Notre nation est agressée par des parties qui font commerce des attaques contre l’islam. Ces attaques ont atteint le prophète des musulmans. Et c’est le droit des musulmans de défendre leur prophète» (interview sur Watania 1) ou encore: «Il y a des causes à ces violences: 1,5 milliard de musulmans ont senti que leur religion a été agressée. Il existe aujourd’hui une industrie dans le monde qui consiste à piétiner la religion des musulmans et à inciter à la haine entre les religions» (interview sur Express FM).

Là où vraiment le bât blesse c’est lorsque le chef du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) profite des micros et plateaux qui lui sont généreusement offerts pour faire la promotion du projet de loi présenté par son parti à l’Assemblée nationale constituante (Anc) relatif à l’incrimination du sacré.

«La liberté d’expression ne permet pas l’atteinte au sacré. Quand une loi en ce sens a été présentée (par des députés d’Ennahdha, Ndlr) à l’Assemblée constituante, il y a eu une levée de bouclier de la part de certaines parties. Il faut que les Nations unies adoptent une loi incriminant l’atteinte au sacré» (interview sur Watania1); ou encore : «Il n’y a pas de loi pour protéger le sacré. Quand une loi en ce sens a été présentée devant la Constituante, les laïcs se sont élevés contre cette loi. Mme Hillary Clinton a dit qu’il n’y a pas de lois au Etats-Unis (incriminant l’atteinte au sacré, Ndlr). Ce n’est pas normal» (interview sur Express FM).

On ne s’étonnera pas de voir les élus d’Ennahdha revenir à la charge, dans les prochains jours, pour remettre sur la table leur projet de loi sur l’atteinte au sacré. Ils exigeront peut-être que cette interdiction soit inscrite dans la prochaine constitution.

On ne s’étonnera pas, non plus de voir, Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères, proposer, dans le sillage du Guide suprême, son beau-père Rached Ghannouchi, aux Nations unies, au nom de la Tunisie, un  projet de loi incriminant l’atteinte au sacré.

Imed Bahri