altSelon l’ex-Premier ministre Hamed Karoui (1989-1999), l’ex-bâtonnier Abdessattar Ben Moussa a été imposé par Ben Ali pour barrer la route à Me Béchir Essid, un opposant virulent à l’ancien régime.


M. Karoui, qui parlait au micro de Naoufel Ouertani, dans l’émission Mido Show sur Mosaïque FM, a  lancé cette pique contre l’actuel président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), «afin que tous les Tunisiens sachent», a-t-il dit. Et d’ajouter: «Je ne dirai pas ce que Ben Ali a dit à son propos», laissant entendre qu’il dispose d’autres secrets.

Me Ben Moussa, faut-il le rappeler, fait partie du groupe des 25 avocats qui ont intenté un procès pour corruption contre les anciens dirigeants du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd), l’ex-parti au pouvoir. Et c’est dans ce cadre que M. Karoui a été entendu, à plusieurs reprises, par le juge d’instruction.

Son accusation d’aujourd’hui tient donc lieu de vengeance, un plat qui se mange vraiment froid chez ce Sahélien qui, tout au long de l'entretien, ne s'est pas privé de défendre les «desatra», dirigeants du Rcd, qui étaient, selon lui, «des gens honnêtes et intègres».

Pour rétablir la vérité historique, il convient de rappeler que Me Ben Moussa a été élu bâtonnier de l’Ordre des avocats de Tunisie en juin 2004. Mais en 2005, il s’est illustré en prenant la tête d’une campagne de protestation contre le sort réservé à ses collègues Mohamed Abbou et Faouzi Ben Mrad, inquiété par le régime.

Dans un entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire ‘‘Jeune Afrique’’ à ce sujet, et en réponse à la question suivante: «Vous avez été élu, en juin 2004, sur la base d'un consensus au sein de la corporation pour barrer la route à des candidats très marqués politiquement. Mais vous voilà déjà rattrapé par la politique», il a répondu ce qui suit : «Je suis un homme rigide sur les principes et souple dans l'action. J'ai été élu sur la base d’un programme électoral entièrement axé sur des revendications professionnelles. J’ai dit à mes collègues, le jour de ma prise de fonctions : ‘‘Je ne suis pas le bâtonnier du pouvoir, ni celui de l’opposition. Je suis le bâtonnier de tous les avocats quelles que soient leur appartenance politique.’’ J’ai cherché à ouvrir un dialogue constructif avec les autorités. Mais ce qui s’est passé lors du procès de Me Abbou, notamment l’occupation du palais de justice par les policiers et l’atteinte à l’intégrité physique des avocats, est inadmissible. Cela n’honore pas notre pays.»

Les relations entre Me Ben Moussa et le régime de Ben Ali n’ont cessé de se détériorer depuis cette date.

I. B.

Pour lire l’entretien en entier.