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Les Tunisiens réfugiés alimentaires en Suisse font beaucoup parler d’eux, mais en mal, en faisant exploser les chiffres de la délinquance. Ce qui inspire aux autorités des mesures vexatoires à la limite de la stigmatisation.

Par Haykel Ezzeddine, correspondant à Genève


Les sans papiers tunisiens candidats à l’asile en Suisse ne sont pas nombreux, mais ils se distinguent suffisamment sur la scène de la délinquance. Leurs méfaits répétés font exploser les statistiques de la criminalité et donnent à leurs traqueurs l’occasion de pondre des idées farfelues comme celle de généraliser les tests Adn pour les requérants d’asile! Une proposition disproportionnée? Un délit de faciès? Une stigmatisation en marche?

Ces requérants tunisiens, vrais et faux réfugiés, sont champions toutes catégories pour les délits commis en Suisse. Selon les dernières statistiques nos compatriotes, qui ne représentent pourtant que 6% de la population des requérants ayant commis une effraction, cumulent a eux seuls le tiers des délits. Ils bénéficient d’une double étiquette dont on se serait bien passé: «multirécidivistes» et «impunis»!

Des statistiques effarantes

C’est énorme quand on regarde de près les chiffres effarants de la délinquance pour un petit pays comme la Suisse qui vient de franchir le cap de 8 millions d’habitants.

Le hit-parade de la désolation évoque des augmentations vertigineuses du pourcentage de délits imputés aux Maghrébins et surtout aux Tunisiens. Jugez plutôt les chiffres qui viennent d’être communiqués par 8 cantons et qui relèvent une augmentation de 77% des infractions rien que pour les 6 premiers mois de l’actuelle année par rapport à 2011: «Effraction de véhicule: + 1.500%», «vol à l’étalage: +390%», «vol par effraction: +150%», «vol à la tire +130%», «lésion corporelles simples : +50%».

Le nombre de Tunisiens présents en Suisse candidats au statut de requérants d’asile est dérisoire: quelques centaines, en majorité des hommes entre 18 et 30 ans, livrés à eux-mêmes, et qui profitent d’un certain laxisme de la justice suisse, comme la mesure de substitution à la prison des «jours amendes» pour punir les délits mineurs.

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Le 12 juin 2012, la conseillère fédérale suisse Simonetta Sommaruga et le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem 

Ces mêmes Tunisiens, qui n’obtiendront jamais de papiers pour régulariser leur situation parce qu’ils sont considérés par les autorités suisses comme réfugiés économiques, commettent d’innombrables délits pour pouvoir survivre dans un pays où les travailleurs au noir sont constamment traqués et les employeurs mis à l’amende.

Loin de généraliser mais voici une autre statistique qui démontre que les vrais réfugiés tunisiens sont rares. Sur 1.275 demandes déposées au premier semestre 2012 seules 3 personnes ont vu leur dossier aboutir.

Des tests Adn comme ultime solution

Dans ce climat d’insécurité, les instances judiciaires sont dépassées. C’est dans cette atmosphère qu’Olivier Guéniat, chef de la police du canton du Jura, a lancé un pavé dans la mare. Face à la recrudescence d’actes criminels perpétrés par les réfugiés du printemps arabe sur le sol helvétique, l’officier jurassien compte interpeller prochainement ses collègues pour l’instauration systématique d’un prélèvement Adn de tous les requérants d’asile, surtout les hommes seuls, ce qui permettrait d’accélérer l’incarcération et la clôture rapide des enquêtes policières.

Les partis de droite applaudissent à cette proposition alors que la gauche se tâte et se dit prête à accepter la solution Adn.

Dans un pays où certains citoyens ont été fichés à leur insu durant des années par les services de renseignement, ce qui a traumatisé plus d’un, c’est qu’on est prêt à accepter le prélèvement de l’Adn pourvu que l’on contrôle mieux ces Tunisiens fauteurs de trouble.

Reste à attendre la réaction des associations qui militent pour les droits de l’homme et un éventuel référendum en cas où la solution Adn sera instaurée contre les méchants requérants d’asile.

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Olivier Guéniat, chef de la police du canton du Jura.

La honte a envahi les Tunisiens de Suisse!

La communauté tunisienne vivant en Suisse est consternée face aux méfaits de leurs concitoyens-délinquants. Les Tunisiens en situation régulière, et dont certains possèdent également la nationalité suisse, craignent qu’un jour ils devront payer pour ce printemps des révolutions qui a certes sauvé les pays arabes de la dictature mais a entrainé aussi, dans son sillage, l’exode et la délinquance que connait actuellement la confédération Suisse.

A noter que, depuis la mi-juillet, la Confédération suisse a mis en application une aide au retour des déboutés du droits d’asile, des demandeurs en attente d’une réponse et d’autres qui s’apprêtent à déposer un dossier. Ça ratisse large, histoire de motiver le maximum de personnes. Les Tunisiens qui peuvent en bénéficier doivent avoir un casier judiciaire vierge.

Cette aide sous forme de prime – 1000 francs suisses (Chf ) pour chaque adulte, 500 Chf pour chaque enfant, 4.000 Chf pour financer des projets sur place, voire 15.000 Chf en cas de projet collectif – a déjà permis le retour volontaire d’une trentaine de Tunisiens.