Appel pour dire non à l’extrémisme religieux et non aux manipulations, quelles qu’en soient les auteurs. Le pays ne saurait supporter davantage de manœuvres et d’ambiguïtés.

Par Jamel Dridi


Même s’il est indiscutablement nécessaire que le ministre de l’Intérieur arrête d’avertir pour enfin se mettre à agir sur le terrain, les préférences politiques et le tropisme politique de certains ne doit pas les empêcher de voir toutes les facettes de la situation que vit la Tunisie aujourd’hui.

Et les événements, qui ont eu lieu dans la nuit du 11 et le 12 juin, sont pour le moins «étranges», comme le précise Benoit Delmas dans son blog Le Western culturel. Dans un texte à lire car extrêmement équilibré, ne négligeant aucun aspect, tant celui du salafisme que celui des voyous, il nous interpelle sur l’étrangeté de certains rassemblements. Son article s’intitule d’ailleurs «Violences et manipulations dans la banlieue de Tunis».

Ou que dire alors, en cette période où le journalisme d’investigation manque en Tunisie, du quasi reportage de Lina Ben Mhenni réalisé sur place le soir même des événements. Une Lina Ben Mhenni dont tout le monde conviendra qu’on ne peut pas la soupçonner d’être une «islamiste» et qui affirme clairement qu’au cours de son périple, lors de cette nuit agitée, n’avoir vu aucun salafiste. A lire impérativement son article judicieusement intitulé «Casseurs ou salafistes?»

Des bâtiments incendiés à Sousse.

Encore une fois, redisons clairement ici, la menace du salafisme djihadiste doit être traitée efficacement et énergiquement. Encore une fois, les autorités sont responsables de ne pas en faire assez. Mais, au-delà de ces points, la Tunisie n’est pas le Tunistan et, surtout, qu’on ne prenne pas le Tunisien pour un âne. Quand plusieurs actions simultanées faites par des voyous alcoolisés, à plusieurs endroits différents de Tunis, se déclenchent, le moindre que l’on puisse dire c’est qu’il y a de la manipulation dans l’air.

Ne pas voir les deux côtés de la violence, c’est à tout le moins faire preuve d’une perception boiteuse de la situation voire même d’une volonté malhonnête et déformée de la réalité afin de tromper l’opinion.