L’Union du Maghreb arabe (Uma), dont le dernier sommet des chefs d’Etat remonte à… 1994, était «sur cale», selon l’expression du feu Hassan II. Le président Marzouki veut le «remettre sur les rails». Beau programme… pour un président provisoire.


«Nous souhaitons qu’un sommet maghrébin soit tenu cette année (...) Si on parvient à le mettre en œuvre cette année, l'Union du Maghreb arabe sera déjà sur les rails», a-t-il déclaré lors d'une rencontre, mercredi soir, avec des membres de la communauté tunisienne établie au Maroc, selon l'agence officielle marocaine Map.

Dans les habits neufs du «Printemps arabe»

La Tunisie a déjà fait part de son souhait d’accueillir un sommet des cinq pays qui composent l'Uma (Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie), une organisation qui a vu le jour en 1989, mais est restée lettre morte en raison de différends entre ses membres. M. Marzouki souhaite réactiver l’union maghrébine, dans des habits neufs, après le «Printemps arabe» qui a vu la chute des régimes en Tunisie et en Libye.

Une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Uma est en principe prévue, à cet effet, le 18 février à Rabat.

Lors de ses entretiens, au cours de la matinée du mercredi, avec le roi Mohamed VI, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et des représentants de la société civile, le président de la République n’a eu de cesse de plaider pour l’édification maghrébine.

Au cours de son entretien avec roi Mohamed VI, le président Marzouki, en «visite de fraternité et de travail» de trois jours au Maroc, s’est attardé sur la relance de l’intégration maghrébine. Les deux parties se sont d’ailleurs engagées à dynamiser ce processus.

La rencontre avec le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, au palais Souissi à Rabat, a été aussi largement consacrée à la réactivation du processus maghrébin. «Il est temps d’être un seul peuple et de sortir les relations intermaghrébines de leurs aspects protocolaires pour instaurer des relations concrètes et plus réalistes», a dit Benkirane. «Nous nous devons de lever les obstacles et d’ouvrir les frontières entre l’ensemble des pays maghrébins. Il est aussi impératif de résoudre le problème du Sahara occidental entre le Maroc et l’Algérie», a-t-il ajouté, tout en saluant la volonté tuniso-marocaine «d’assainir le climat et de surmonter les conflits entre certains pays maghrébins» dans la mesure où il s’agit «d'une condition essentielle pour l’édification d’un Maghreb solide».

«Nous avons payé un lourd tribut du ‘‘Non Maghreb’’ et il est temps de bénéficier des avantages qu’offre cet espace», a affirmé, de son côté, le président Moncef Marzouki, mercredi après-midi, lors d’une rencontre avec des personnalités politiques, médiatiques et du monde de la culture au Maroc.

«Il est temps de réactiver le Maghreb arabe», a-t-il insisté, évoquant des préparatifs en cours au niveau des chefs de missions diplomatiques et des ministres des Affaires étrangères maghrébins «pour la tenue d’un Sommet maghrébin qui traduit ces ambitions et ces attentes» permettant à cet espace de retrouver sa place et son rayonnement au sein de l’Union africaine et d’assurer un rôle central par rapport à l’Union européenne, a estimé le président Marzouki.

Le besoin d’un Maghreb fort

Le conflit entre le Maroc et l’Algérie en raison du problème du Sahara occidental est la principale entrave devant l’édification du Maghreb Arabe, a cependant admis M. Marzouki, faisant part à cet égard d’une «volonté sincère» chez le roi Mohamed VI et le président algérien Abdelaziz Boutaflika «pour surmonter ce problème».

«Nos pays sont engagés aujourd’hui sur la voie de la réforme et de l’édification et nous avons besoin d’un Maghreb fort à l’instar de l’Union européenne», a-t-il dit. Il a aussi exprimé le souhait de voir émerger un parlement maghrébin disposant de prérogatives et d’une Commission maghrébine à l’instar de la Commission européenne «afin qu’il puisse porter sa voix au sein de l’Union africaine et consolider sa présence dans son environnement méditerranéen et arabe», a-t-il dit.

L’année 2012 sera, selon M. Marzouki, l’année de l’Union maghrébine par excellence. «Il s’agit d’un défi que nous devons relever et offrir à nos enfants, à nos petits enfants et aux générations futures, un espace qui a son poids et sa place parmi les groupements régionaux et internationaux», a-t-il estimé.

«Si l’Union du Maghreb était active nos régions frontalières avec l’Algérie et la Libye ne seraient pas dans cet état et dans ces conditions difficiles», a-t-il dit.

I. B. (avec agences)