La Suisse est en train de prendre un virage dangereux dans la xénophobie. A force de laisser le peuple décider de tout et de rien, ce pays est en train de déraper. Dangereusement… Haykel Ezzeddine, Genève.


Le parti d’extrême droite l’Union démocratique du centre (Udc) vient de remporter une nouvelle victoire contre les étrangers qui vivent en Suisse. Après l’interdiction de construire des minarets sur sol helvétique, son initiative pour le renvoi des criminels étrangers est acceptée.
Une journée noire, ce 28 novembre 2010, pour une certaine catégorie de Suisses, ceux qui ont voté un double ‘‘Non’’ contre le renvoi des criminels étrangers et le contre-projet du parlement qui introduisait un volet d’intégration.
C’est aussi «une journée noire pour les droits humains en Suisse» selon la section suisse d’Amnesty International qui condamne énergiquement «l’abus du droit d’initiative dans le but d’augmenter le capital politique par des propos xénophobes.» Quant à l’Union européenne (Ue) elle se pose des questions sur cette initiative qui contreviendrait à l’accord sur la libre circulation des personnes.


Le président de l’Udc Cristoph Blocher (photo Haykel)

A 52,9%, l’initiative raciste de l’Union démocratique du centre (Udc) a passé la rampe facilement. A coup de millions dépensés par son riche président et ex-conseiller fédéral (ministre) de 2004 à 2008, Cristoph Blocher, ce vote, qui fait honte à l’ensemble de la famille de gauche, a trouvé un écho des plus favorables en Suisse allemande justifiant ainsi l’effet du Röstigraben – où comment le fossé linguistique entre les cantons germanophones et francophones continue de diviser le pays.
Dorénavant, tout criminel étranger est susceptible d’un renvoi dans sons pays en cas de meurtre, de viol, de trafic de drogue, d’arnaque à l’assurance ou à l’aide sociale, mais aussi de… brigandage, de traite d’êtres humains, et le catalogue des motifs est loin d’être clos. Et pour enfoncer le clou, on accompagne ce renvoi par une interdiction d’entrée sur le territoire qui peut aller de 5 à 20 ans pour les récidivistes.
L’Udc, le parti d’extrême droite, est à sa sixième victoire en sept ans. L’année dernière, presque jour pour jour, il a gagné son initiative contre la construction des minarets et en 2004 il a réussi à imposer ses référendums contre la naturalisation facilitée de la 2ème génération d’étrangers et la naturalisation de la 3ème génération.
La Suisse se referme de plus en plus sur elle-même et les partis de droite et d’extrême droite poursuivent leur offensive contre les étrangers accusés de tous les maux qui frappent la société suisse.