La guerre fratricide se poursuit au sein du Congrès pour la République (CpR). Son fondateur, le président Moncef Marzouki, toujours en retrait, n’en est pas moins à la manœuvre.


Démis jeudi de ses fonctions de secrétaire général du parti par la majorité des membres du Bureau politique, Abderraouf Ayadi a jugé sa mise à l’écart «nulle et non avenue» et accusé ses détracteurs d’allégeance au mouvement islamiste Ennahdha.

«Je suis toujours le secrétaire général du CpR. Je tire ma légitimité de mon passé militant, de la consultation permanente de la base et de la lutte acharnée pour la préservation des valeurs du parti», a affirmé cet avocat défenseur des droits de l’Homme, au cours d’une conférence de presse organisée vendredi à Tunis. Et de renchérir: «Ceux qui tentent par tous le moyens de m’écarter cherchent  en réalité transformer ce parti, qui n’a jamais fait des compromis du temps de la dictature benalienne, en un wagon rattaché au train d’un autre parti en contre-partie de miettes de pouvoir».

Soutenu par 11 élus au sein de l’Assemblée nationale constituante (sur un total de 29), qui ont annoncé hier le gel de leur adhésion au bloc du CpR, M. Ayadi a également accusé ses détracteurs d’avoir trahi les principes fondateurs du parti. «Ces gens ne défendent plus les libertés comme en atteste leur mutisme concernant les brutalités policières qui ont ciblé récemment des manifestants pacifiques. Ils cautionnement aussi le régime parlementaire proposé par Ennahdha», détaille-t-il, avouant, au passage, que «la ligne de fracture au sein du CpR est aussi d’ordre idéologique».

Fondé en 2001 par une poignée d’opposants notoires à Ben Ali, notamment l’actuel président provisoire de la République, Moncef Marzouki, le CpR est, en effet, composé d’une mosaïque de sensibilités politiques allant de l’islamisme à la gauche laïque, en passant par le nationalisme arabe, l'un des credos de M. Marzouki.

Etrangement en retrait de cette guerre fratricide, ce dernier n'y est pas moins engagé lui-même, à travers ses principaux conseillers à la présidence de la république, notamment Imed Daimi, qui cumule les fonctions de porte-parole du CpR et de chef de cabinet du président de la République. Etrange cumul dans l'entourage de celui qui a toujours dénoncé la confusion de l'Etat et du parti au pouvoir sous les deux anciens régimes. Où va le CpR? Et jusqu'à quelles concessions (et compromissions) ira Moncef Marzouki dans sa volonté de servir les desseins d'Ennahdha.

Wahid Chedly