Pas moins de 1.100 prisonniers se sont évadés, vendredi, des prisons de Kasserine et Gafsa (sud-ouest). Ces opérations synchronisées laissent perplexes et alimentent l’inquiétude des Tunisiens.


Les fuyards seraient 800 à Kasserine, évadés vendredi matin à la suite d’une mise à feu des matelas et des lits dans un pavillon de la prison locale, et 300 à Gafsa, évadés aussi après un incendie qui s’était déclaré dans une cellule.
Dans les deux cas, l’armée a dû ouvrir les portes de la prison pour protéger et les gardiens et les détenus. Ces derniers en ont alors profité pour s’enfuir.
D’autres tentatives d’évasion ont été enregistrées dans d’autres prisons du pays, notamment à Borj Erroumi, près de Bizerte.

 

Des mouvements synchronisés
La synchronisation de ces mouvements laisse perplexe. Et alimente les inquiétudes des Tunisiens, qui craignent la recrudescence des actes criminels, d’autant que Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax, entre autres grandes villes, qui donnent l’impression d’être relativement calmes, sont, depuis quelque temps, le théâtre d’agressions et de braquages, commis par des délinquants.   
Cette série d’évasions, qui intervient à deux mois des élections de l’assemblée constituante, montre que la sécurité est loin d’être rétablie dans le pays, surtout dans les zones sensibles et les régions défavorisées.
Sans aller jusqu’à imaginer des complicités de la part des agents de maintien de l’ordre, les Tunisiens sont en droit de se poser des questions sur les causes de ces phénomènes jusque là inconnus dans le pays. Et s’il s’agissait d’actes de sabotage prémédités? Si c’était le cas, à qui profiteraient-ils? Doit-on craindre une recrudescence des mutineries dans les prisons?
Rappelons qu’en janvier, quelque 11.000 détenus s’étaient évadés de plusieurs prisons tunisiennes dont plusieurs milliers ont été arrêtés par vagues successives depuis. Les portes des prisons avaient alors été ouvertes sciemment par des responsables impliqués dans le complot mis en route par le général Ali Seriati et les gardes présidentiels. Mais aujourd’hui?   
Samedi, un communiqué du ministère de l’Intérieur annonçait l’arrestation 125 parmi les évadés des prisons de Kasserine et de Gafsa, grâce aux «efforts conjoints déployés par les unités de la sécurité intérieure, de la garde nationale et de l’armée». Quelques dizaines d’autres prisonniers seront sans doute arrêtés au cours des prochains jours. Mais pour un prisonnier en fuite arrêté combien resteront dans la nature et feront peser des menace contre la sécurité.

Imed B.