Le projet de création d’une Association de sauvegarde du patrimoine des Amazighs a été au centre d’une rencontre organisée, dimanche, à Matmata. Longtemps muselé, le mouvement berbériste tunisien passe à l’action…


Des citoyens originaires de villages Amazighs, dont Matmata, Tamezret, Zeraoua, Taoujout et Toujane (gouvernorat de Gabès), se sont réunis à Matmata pour se pencher sur la situation de plusieurs sites du patrimoine Amazigh menaçant ruine. Le but est d’exploiter ce patrimoine comme produit touristique propre à impulser ce secteur et à améliorer la situation économique de ces villages.

 

Une résistance identitaire culturelle
Soulignant le renouveau de l’identité culturelle berbère en Tunisie, le site ‘‘Tunisie Berbère’’ en trouve une belle illustration dans l’existence de deux groupes très actifs sur le réseau social Facebook, l’Association culturelle des Amazighs de Tunisie et le Congrès culturel des Amazighs de Tunisie, qui recueillent une adhésion populaire assez forte.
«Les Amazighs du Massif des Matmata, Tamezret, Zeraoua et Taoujout sont à l’avant garde de la résistance identitaire culturelle. C’est donc naturellement sur leurs terres que prendra naissance la première association culturelle berbère en Tunisie (…), une création rendue possible avec la chute du régime arabo-islamiste de Ben Ali», note Stéphane Arrami sur ‘‘Tunisie Berbère’’.
Des associations similaires existent déjà depuis longtemps en Algérie et au Maroc, mais les régimes successifs dans notre pays ont toujours opposé une fin de non recevoir à tout projet de constitution d’un mouvement berbère ou berbériste fut-il culturel. Car ils y voyaient un facteur de division. L’ancien président Habib Bourguiba, qui aimait se comparer au célèbre guerrier berbère Jugurtha, mais un Jugurtha qui a réussi, a toujours combattu la spécificité culturelle berbère où il voyait, à tort ou à raison, une menace pour l’unité du pays, dont il se portait garant.
Les Berbères sont estimés à 3% de la population en Tunisie, contre 25 à 30% en Algérie et 40 à 50% au Maroc.

La réaffirmation de l’identité tunisienne
Nemri Nouri, l’un des organisateurs de l’événement, décrit l’événement comme «une première étape historique». Il ajoute: «Le siège de l’association sera à Tunis. Des jeunes, des universitaires, des militants de tous les horizons adhèrent à ce projet qui est culturel (…) Aujourd’hui en Tunisie, tout le monde cherche son identité. Avec les événements qui ont laissé le pays sans repères solides, sans attraction intellectuelle véritable, maintenant on cherche une réaffirmation de l’identité tunisienne, par le bourguibisme, l’amazighité et devenue une question importante», explique M. Nouri.

I. B.